Bravo à Netflix de produire un cinéaste du talent d'Alejandro Gonzalez Inarritu, même si ce Bardo est sans doute moins populaire et attirant que d'autres ouvrages de l'auteur mexicain. Il s'agit d'une longue chronique d'un documentariste-journaliste mexicain qui accède à la consécration ultime de son métier, en recevant un prix prestigieux. Pour un peu situer ce film, on pourrait le comparer dans l'approche thématique à certains Fellini des années 60/70 notamment dans les nombreuses scènes de foule et de rue ou celle dans le milieu du spectacle mais celles-ci sont quasi systématiquement teintées d'irréel, ou l'imaginaire et la réalité se confondent comme dans les oeuvres surréalistes de Roy Andersson. Pourtant il y a une différence marquante entre Bardo et les exemples précédents, et elle vient principalement d'une sorte d'angoisse, d'inquiétude planant sur l'ensemble du récit, même les moments d'insouciance et légèreté sont empreints de gravité ceci sera expliqué dans la dernière demi-heure, apportant de la cohérence à cette noirceur de fond. Inarritu est un créateur d'images hors-pair, et ici tourne de façon presque conceptuelle avec l'utilisation permanente d'un objectif déformant (Eyefish) donnant un sensation de tunnel et de la profondeur à chaque séquence, énormément de plans séquences dans cette mise en scène.