Ce n'est pas tous les jours qu'on s'entiche d'un film, ce n'est pas tous les jours qu'on se risque à regarder une production bollywoodienne qu'on sait surchargée de chorégraphies, de kitch et d'histoires d'amour diabétogènes mais j'y étais allé sur les conseils de Vineeth, ami d'un jour de randonnée, qui tâchait de me prouver que le cinéma indien, et même Bollywood, ne se plombait pas automatiquement de poncifs archi codés.
Il avait raison le bougre ! Barfi! emprunte allègrement à Chaplin, à Kitano, à Amélie Poulain sans parodier ni perdre son identité dans un triangle amoureux improbable entre un sourd-muet créatif à souhait qui se joue des lois, son premier amour tiraillé entre folie et normalité et une autiste arrachée à un oncle vieillissant. Dès lors, on glisse de plans en plans d'une photographie remarquable dans une histoire longue sans être lente, simple malgré des seconds rôles qui cherchent à mettre des bâtons dans les roues de nos personnages principaux et subtilement politique, le tout porté par trois excellents acteurs, notamment Priyanka Chopra, qui incarne l'autisme au point de me confondre.
Ce film est une porte d'entrée magistrale dans ce cinéma indien contemporain qui s'éloigne des surenchères et des drames familiaux à deux sous, qui ne se perd pas dans une multitude d'effets pour se concentrer sur une histoire belle, solide et pas dégoulinante. Non, ce film n'est pas à voir comme représentant de son pays, il est à voir en tant que tel, un film qui tire honnêtement rires et larmes en toute simplicité et folie, un grand film.