Barfly est une franche désillusion. Et c'est avec toute la sympathie pour Barbet Schroeder (qui a mis sept ans à faire ce film !) que l'on avoue notre déception sur ce film, pourtant sélectionné à Cannes à sa sortie en 1987. Voici le mélange incestueux d'un cartoon et d'un polar des années cinquante. Clairement, le film n'a pour lui que son casting attirant (Faye Dunaway et Mickey Rourke), car sa mise en scène à l'emporte-pièce nous jette tantôt dans l'ennui le plus profond, la déception (surtout lorsqu'on s'aperçoit que le nom de Mickey Rourke n'est qu'un argument de vente : il passe tout le temps du film à faire la même tête placide quelle que soit l'émotion de son personnage, un jeu illisible) et surtout l'incompréhension de sa forme. On nous soule avec les clichés du film noir (les bars aux grands néons, la musique jazzy, la potiche du bar qui s'approche du bel inconnu et devient son objet à protéger - le traitement des femmes dans Barfly nous a donné des crampes d'estomac -, les bagarres qui reviennent toutes les deux minutes) auxquels on mêle un style cartoonesque qui ne va pas du tout au teint de Barfly : bruitages de dessins animés, bagarres tournées en dérision qui deviennent un running-gag lourdingue et les situations ridicules (lorsque le personnage veut arrêter le mari qui bat sa femme, et que cette dernière
dit adorer que son époux la batte
... Outre le côté machiste - encore, cela n'arrête pas de nous gonfler -, on ne rit pas franchement du cocasse de la situation). On referme le film comme une boucle qui nous ramène au début, sans évolution, sans avancement des personnages, et en revoyant de nouveau la scène de départ à l'identique, une vraie impression d'avoir perdu deux heures. L'émotion est totalement absente, au profit des éternelles scènes de Mickey Rourke qui boit et qui fume, il faut croire que cela nous passionne. Avec la finesse d'un troupeau de pachydermes, Barfly tente un mélange de clichés qui ne fonctionne pas du tout.