Barfly. Traduit dans la langue de D'Ormesson, on obtient pilier de comptoir (littéralement c'est mouche (fly), de comptoir (bar)). Un film puissant. Barbet Schroeder nous y décrit les errances d'Henry Chinaski, un alcoolique notoire, pilier de bar récurrent, poète remarquable à ses heures perdues, et qui vivra une aventure passionnée avec une autre soularde. Le réalisateur nous invite à un véritable voyage poétique. Le fumier infect de l'alcoolisme, où s'épanouit de pures roses sauvages. Mickey Rourke est formidable, parfait de justesse, paumé, mais en même temps tellement ancré dans la réalité. Faye Dunaway est son complément idéal, sensible, à l'agonie, et forte malgré la chape destructrice de l'alcool. C'est un aperçu désabusé de notre société que Barbet Schroeder nous livre là, à travers les interactions des deux protagonistes avec les personnages extérieurs à leur danse ivre. Tantôt plaints (pleins aussi), tantôt frappés, repoussés, mais jamais aidés. L'aide se résume à leur fournir les moyens d'assouvir leur addiction. Jamais de répondre à leurs questions. Ces questions, ces failles dans le système, qui lancinent Henry. Et qui devraient nous lanciner aussi.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.