Soyons clair, le film tire une partie de sa force de son scénario atypique et intelligent. On aurait pu le traiter de maintes et maintes façons mais Douglas choisit de le traiter en mélangeant les influences du western italien et de Sam Peckinpah. Et ça marche ! Le film commence par une réplique très forte et inattendue, où Van Cleef remets à sa place un gosse impertinent. La séquence du massacre de la ville est particulièrement réussie, alliant action violence, sadisme et cynisme et couronné par la scène où un charriot de tueurs pénètre à toute berzingue dans la grange. Le personnage de Jack Remy joué magistralement par Warren Oates et particulièrement bien fouillée, autoritaire, sans scrupule, violent, mais aussi à moitié fou et drogué, et à ce propos, la scène du délire est magistrale. Chose rare au western, le film accorde une place importante à la sexualité, car c'est bien pour du sexe que Trevis accepte de sauver le mari de Anna Hall. Le rôle des femmes est également intéressant, Anna se donne, ce n'est pas un viol et si elle rembarre Trevis après l'acte c'est simplement pour lui ôter toute illusion future. Quant à l'autre femme, la plantureuse Marie Gomez, jamais dupe elle accepte la situation avec beaucoup d'intelligence. Ce petit côté amoral ne peut que réjouir. Le film se permet aussi un doigt d'anticléricalisme de bon aloi. Evidemment l'issue du combat final sacrifie aux codes du genre puisque contre toute attente, le méchant reste le seul rescapé, il fallait bien un duel final, mais le film a l'intelligence de faire bref à ce propos. La réalisation est plus que correcte avec une bonne utilisation de l'espace et en ce qui concerne l'interprétation : si Van Cleef fait du Van Cleef, le rôle de composition de Oates est hallucinant, Les seconds rôles sont bien brossés avec une mention spéciale à Forrest Tucker qui saupoudre le film d'une touche d'humour… et puis il y a Marie Gomez… Ce film est une véritable pépite, un sans-faute, un régal.