Je me suis demandée si, après plusieurs années sans l'avoir vu et le temps passant, je n'allais pas le trouver longuet. Je me rappelais que le film était très lent, d'une lenteur mélancolique. Je craignais de ne plus avoir la patience de le voir en entier, vu ma grande difficulté à rester concentrée sur un film (alors que j'enchaîne les épisodes de séries sans problème, allez comprendre ...)
Force est de constater, qu'il ne fut rien : une fois installée dans le divan, je n'ai plus bougé. J'ai dû voir ce film 5 ou 6 fois et il exerce sur moi la même fascination qu'à ma première vision.
Au 18ème siècle, Barry Lyndon est un jeune Irlandais ambitieux mais sans le sou. Un peu naïf et téméraire, il rêve d'amour, de gloire et de richesse. Ayant tué en duel le prétendant de sa cousine (à laquelle il prétendait également), il se voit contraint à la fuite. On le trouvera tour à tour soldat, déserteur, espion, avant qu'il ne parvienne à s'introduire dans la haute société. Adapté du roman de William Makepeace Thackeray Mémoires de Barry Lyndon, le film raconte le destin tragique de ce jeune homme qui voulait sortir de sa condition.
Comme je le disais ce film exerce sur moi une fascination certaine. Amatrice de photographie, je ne peux qu'être comblée par les images du film. Chaque scène est étudiée pour ressembler à un tableau du XVIIIème, éclairage à la bougie compris. Tout est étudié, le décor, les costumes, les poses des acteurs, le tout transcendé par une musique magnifique (voir mon dernier #musicmonday). De quoi en rester bouche bée.
Kubrick tenait tellement à éclairer les scènes intérieures uniquement à la lueur de bougies qui dut emprunter un objectif à la NASA, la technologie cinématographique de l'époque ne permettant pas de tourner dans de telles conditions.
Pour la petite anecdote, notons que la perfection n'existe pas : un léger anachronisme s'est glissé dans une scène : Barry Lyndon se trouve sur une barque en train de pêcher avec son fils. En leur compagnie sagement assis, se tient un labrador ... race de chien qui fut créée au 19ème siècle par différents croisements avec des races de retriever anglais.
En plus de la photographie, ce qui me passionne autant dans ce film c'est sa thématique : l'ascension rapide d'un ambitieux et puis sa chute tout aussi rapide. Cela pourra peut-être paraître osé mais je trouve que la trame de Barry Lyndon et celle du film de Scorsese Les Affranchis (qui est aussi très bien classé dans le top de mes films préférés) se rejoignent tout à fait : un jeune garçon issu d'un milieu modeste veut à tout prix devenir gangster, il gravit les échelons dans la mafia mais, accro à la drogue, adultère et traqué par les flics, il sombrera peu à peu, avant de finir son existence misérablement comme un type normal, ce qu'il méprise par-dessus tout.
Barry Lyndon un film à voir et à revoir. Datant de 1975, il n'a pas pris une seule ride. C'est un film intemporel, qui frise avec la perfection. Il reçut 4 oscars (dont celui de la meilleure photographie et celui de meilleur arrangement musical) plus que mérités.
Il est incontestablement mon Kubrick préféré et après toutes ces années sans le voir, je suis bien contente d'avoir eu l'occasion de le revoir. Et cela arrivera certainement à nouveau.
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