I'm not sorry. And I'll not apologize. And I'd as soon go to Dublin as to hell.

Barry Lyndon est un chef-d'œuvre. Nul moyen de remettre en cause cette affirmation. Il a la densité, la grâce, l'ambition qui distinguent, parmi les grands films, les immenses.

L'histoire de Redmond Barry, figure de l'opportunisme et de l'ambition, débute dans les vertes prairies d'Irlande, et est prétexte à ce qui est incontestablement le prologue le plus énorme de toute l'Histoire du cinéma, so far. Dès la première image, la photographie est poussée au rang d'exceptionnelle, et n'en descendra plus. Les premières péripéties qui frappent Mister Barry sont terriblement humaines et sont les racines, les cautions de tout ce qui suivra par la suite. Rajoutez un score à mi-chemin entre la balade celtique et déjà les prémices de la musique de cour européenne qui illustrera le reste du propos, et vous obtenez un début de chef-d'œuvre.

Notre ami finit par s'exiler, pour la Prusse et la gloire, et petit à petit, grimpera les échelons de la réussite, avant de les dégringoler dans l'autre sens : thème classique que l'ascension et la déchéance, parfaitement traité pour ce qui est de la phase ascendante, peut-être un peu moins pour la phase descendante. Mais tout est là : musique majestueuse, reconstitutions au poil, maîtrise technique que je souligne quand même au cas où vous n'ayez pas lu le nom du réal.

L'urgence avec laquelle Kubrick nous délivre l'enchaînement des événements contraste avec le flegme tout britannique que ses personnages affichent à l'écran, la narration cynique et désabusée relativise des dialogues parfois fades... La seule synergie du film est à trouver dans les mouvements de caméra : dans chaque plan, chaque scène, Kubrick saisit les mouvements qui font bouger ce monde et y incorpore sa grosse caméra avec la légèreté d'un truc franchement pas lourd. Je ne sais pas quoi... tiens, une somalienne anorexique par exemple. Ça ne doit franchement pas être lourd ça. Et cette mise en scène donne un rythme au film absolument fluide, l'impression de lire un livre -renforcée par le synopsis très « littérature »- et d'être absorbé dedans.

Les acteurs sont bons, mais ne connaîtront plus de tels rôles, comme souvent avec Stanley ; O' Neal brille surtout par l'évolution de sa gestuelle et de son regard avec le temps, Marisa Berenson par sa beauté et la tristesse qu'elle exprime, sans mots.
Enfin, l'épilogue presque métaphysique est une conclusion parfaite à cette histoire d'hommes, et replace finalement tous ces événements là où ils doivent être.

Quant à moi je vais voir Tree of Life demain, et j'ai bien peur pour mon Terrence préféré que la comparaison s'avère douloureuse. Un peu comme entre Nadal et Borg.
Lucas Stagnette

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