Barry Seal (Tom Cruise) est un pilote de ligne extrêmement doué. Un jour, il se fait approcher par la CIA en la personne d’un dénommé Shafer (Domnhall Gleeson), qui lui demande de conduire des livraisons d’armes vers l’Amérique centrale, afin d’aider les rebelles nicaraguayens. Sur place, c’est le cartel Meddellin qui l’approche, afin d’acheminer de la drogue en direction des États-Unis. Voyant les dollars couler à flots, Barry Seal ne pose pas de questions. Mais ce double-jeu dangereux en vient à menacer sa vie privée...
Dès que le film démarre, une constatation s’impose : on a affaire au Doug Liman des petits jours. Il ne faut donc pas compter sur le réalisateur pour rendre son histoire intelligible, celui-ci prenant un malin plaisir à éclater son récit afin de diluer son intrigue dans une narration vague et sans unité, alourdie par un montage plus qu'hasardeux. Ce désordre de la narration se retrouve en outre dans la mise en scène, absolument inexistante, qui ne rend pas hommage à l'histoire pourtant fascinante dont elle est le cadre. C’est donc sans étonnement que l’on tente vainement de s'immerger dans une histoire à laquelle Liman ne parvient pas à nous intéresser.
Fort heureusement, deux éléments viennent sauver le film du naufrage : Tom Cruise et Barry Seal. Il faut en effet tout le talent de l’acteur pour parvenir à rendre le protagonsite amoral qu’il incarne plutôt sympathique et ainsi capter un tant soit peu l’attention du spectateur, afin de le convaincre qu’il ne perd pas tout-à-fait son temps, et qu’il y a quelque chose dans son personnage qui mérite qu’on s’y attarde un peu. Et de fait, l’autre point fort du film, c’est Barry Seal lui-même, le vrai, pas le personnage créé spécialement pour l’écran. Car en effet, une absence totale de direction artistique ne peut briser entièrement l’intérêt que suscite a priori une vie aussi hors du commun que celle de l’authentique Barry Seal. Et il faut reconnaître que l’on finit par se prendre au jeu, à un moment ou à un autre, de cet homme au culot et à la chance exceptionnels, qui incarne à lui seul l’effacement des barrières entre le crime et la justice si caractéristiques de la CIA, ce qui permet au film une dénonciation efficace de la politique alors adoptée par les Etats-Unis vis-à-vis du trafic de drogue.
Ça ne fait aucunement de Barry Seal un film incroyable, mais cela donne au un léger regain d’intérêt à ce divertissement qui, faute de mieux, se laisse regarder, en sachant pertinemment qu’il se laissera tout aussi facilement oublier.