La dernière apparition de Tom Cruise n’a pas réellement fait date. Celui qui a rejoint le « Dark Universe » d’Universal dans La Momie, le film supposé lancer un nouveau cycle sur divers personnages mythiques, n’a pas réussi à sauver le navire du naufrage. Il faut dire que cela fait un certain temps que Tom se cantonne à jouer dans des blockbusters et s’éloigne guère des sentiers battus. Pourtant, le cas de Barry Seal : American Traffic ravive une petite lueur d’espoir.
Il faut l’avouer, comme la plupart des films où est il est à l’affiche, Tom Cruise est probablement le premier facteur d’attraction pour le spectateur. Ce film tiré d’une histoire vraie avait de quoi attirer la curiosité, notamment par le ton résolument déjanté que prenait la bande-annonce. C’est d’ailleurs ce qui va caractériser tout le film, qui oscille entre la comédie relâchée et le drame politique sous-jacent qui se joue derrière. Barry Seal : American Traffic est à l’image de son héros, une sorte de clown de service, qui amuse la galerie mais qui, derrière, cache des choses bien plus graves et est au cœur d’enjeux qui le dépassent de loin.
Le pilote, devenant un trafiquant de drogue à la solde de la CIA, est un homme exubérant, qui a une grande confiance en lui, prenant souvent les choses à la légère, mais il sait que derrière, sa vie est en jeu, ainsi que celle de sa famille. Le film joue donc en permanence sur cette dualité, le rendant paradoxalement très lisible d’un côté, mais imprévisible de l’autre. Barry Seal : American Traffic est un jeu de miroirs, où chaque élément trouve son reflet. D’un côté les puissantes organisations de renseignement américaines, de l’autre les cartels d’Amérique centrale et du Sud, basant tous leur influence sur l’argent.
Ce qui est également intéressant avec Barry Seal : American Traffic, c’est d’être capable, à l’image de son héros, d’être polémique. Barry Seal n’est pas un héros américain comme on l’entend, c’est un homme qui mise beaucoup sur le paraître et les belles promesses, et qui est très attiré par l’argent. Totalement opposé au héros américain classique, il est la pièce maîtresse de cette vaste machination passée sous silence, qui donne du pays de l’Oncle Sam une image peu glorieuse, où ce dernier a voulu jouer les maîtres du jeu et les marionnettistes dans son propre intérêt, pour influencer durablement la géopolitique sud-américaine. Le titre original du film est d’ailleurs évocateur. « American Made » signifie bien cette empreinte que les Etats-Unis ont laissée à l’Amérique latine, c’est leur oeuvre, ce sont eux qui sont à l’origine des événements qui l’ont bouleversée.
Barry Seal : American Traffic est passé dans les salles obscures sans faire grand bruit. Ce n’est pas un film qui fera spécialement date et ne risque pas de bouleverser les « Tops 2017 » de la plupart des cinéphiles, mais il mérite pourtant d’être vu. Dans sa démarche de changer un peu de l’image de l’ « Amérique modèle », surtout à une époque où les Etats-Unis sont tout-puissants au sein de l’industrie cinématographique, il propose une vision intéressante d’une partie de l’histoire des Etats-Unis, de ses relations internationales et de l’Amérique du Sud, notamment à travers le personnage de Barry Seal.