Barry Seal, War machine, Le loup de Wall Street... Tous ces films sont des comédies qui font le pari de l'absurde, en faisant rire d'une situation complètement rocambolesque et à laquelle personne ne peut rien changer. Voilà donc le stade ultime du second degré, où le cynisme moderne nous accule tous tôt ou tard : il vaut mieux en rire. On est tellement impuissant à faire quoi que ce soit, avec sa petite carte d'électeur devant les forces de corruptions, qu'on préfère prendre sa petite carte d'abonnement pathé pour aller tirer un bon coup la chasse avec une comédie "incisive", "subversive", "second degré". Comme prévu, rien d'intelligent ou de nouveau (les impacts du trafic, dans la consommation ou les exécutions, sont discrètement balayés sous le tapis pour rester tout public), et le film concentre son rythme sur l'enchaînement des enjeux, et sur la surenchère que devient les petits trafics de Seal (dans l'ombre d'intérêts plus grands qui veillent sur leur exécutant). Le résultat est un petit ballet hystérique qui aurait pu s'inscrire dans la lignée de No Pain no gain, mais qui échoue à créer la proximité ou l'affection, là où Bay, malgré les quintaux de gags dégoulinants, s'attachait réellement à ses abrutis tout en montrant constamment les conséquences de leurs agissements. L'humour désamorce ici ce qu'on pouvait attendre d'immersion, et malgré la reconstitution d'époque plutôt soignée et les détails... On n'enterre pas comme ça Lord of War, qui avait déjà débrousaillé le sujet avec brio. Alors, comme d'habitude, il y a des gags réussis, deux trois idées de mise en scène bien vues ( les scènes de vol, excellentes), et des lourdeurs (la plupart des gags, ces zooms et arrêts sur image...). On est diverti et la séance se passe à priori sans ennui, mais rien pour passer à la postérité. Enfin bon, Tom Cruise se démarque un peu des blockbusters qu'il a enchaîné ces dernières années, probablement le meilleur point de ce programme.