Encensé par la critique new-yorkaise, Barton Fink, un jeune auteur de pièces de théâtre, se laisse convaincre par son imprésario de partir conquérir Hollywood. Présenté comme l’Eldorado, Barton va vite déchanter en arrivant sur place. Dans une chambre d’hôtel sombre et miteuse, il va devoir trouver l’inspiration afin d’écrire un scénario pour un studio de cinéma. Malheureusement l’inspiration n’est pas au rendez-vous. Est-ce dû à la précarité de son existence, le mal du pays ou bien son étrange et envahissant voisin ?
Barton Fink est un quasi huis clos avec cette chambre d’hôtel où le papier peint se décolle constamment, où le mobilier est spartiate et où l’on retrouve ce portrait énigmatique de femme sur une plage regardant au loin. Ce portrait, suspendu au-dessus du bureau où Fink tente vainement d’écrire son scénario, va entraîner l’écrivain dans un monde onirique, un échappatoire à ce quotidien si oppressant et stressant. Lorsque la caméra sort de cet endroit pour filmer Hollywood, le moment est précieux car il est synonyme de répit pour nos personnages avant de retourner dans cet hôtel infernal.
Les frères Coen signent ici le film qui les propulsera sous le feu des projecteurs. Une reconnaissance méritée. Dans Barton Fink, les réalisateurs ont peaufiné les personnages, soigné la mise en scène et développé un sens du dialogue que peu de réalisateurs ont réussi à atteindre. La descente aux enfers de ces personnages attachants, mais dont on se méfie, est rythmée comme il se doit.
Avec une coupe rappelant celle de Jack Nance dans Eraserhead de David Lynch, John Turturro est très bon dans son rôle de jeune prodige à bout de nerf avec ses cernes et son regard hagard. Mais voilà, il y a un autre acteur dans ce film. Il s’agit de John Goodman. Son personnage, le voisin de chambrée de Fink, est envahissant, imposant et inquiétant. Personnage ambiguë, on ne sait pas s’il est réellement dangereux ou juste complétement fou. Le doute plane jusqu’à la dernière scène du film. Une scène grandiose au passage.
Un incontournable de la filmographie des frères Coen qui, d’ailleurs, avait réussi un triplé lors du Festival de Cannes 1991 avec La Palme d’or, le Prix de la mise en scène ainsi que le prix d’interprétation masculine pour John Turturro.