Tourné en plein maccarthysme Bas les masques se présente comme un polar mais est surtout un plaidoyer pour la diversité de la presse, la liberté d’expression, l’intégrité du journaliste, en même temps qu’une dénonciation de la corruption, du journalisme à scandale et du capitalisme où tout peut s’acheter. .
« Ce que j’ai voulu prouver, c’est que les journaux qui en achètent d’autres pour éliminer toute concurrence créent une situation qui met gravement en jeu la liberté de la presse » dira Richard Brooks, le réalisateur qui, ancien journaliste, sait de quoi il parle. La description du fonctionnement du journal est d’ailleurs très réaliste et les séquences sont tournées dans une vraie salle de rédaction.
Dans une interview aux Cahiers du Cinéma (n° 557, mai 2001) Godard déclarait « On vous dit : "Monsieur, qu’avez-vous voulu faire ?", et on répond : "J’ai voulu faire ça." Certains le disent même avant et le répètent ensuite aux journalistes : "J’ai voulu faire un film contre la dictature en Grèce." On peut être sûr que le film est mauvais ou moyen. Cela doit être senti par la main ou les yeux, par l’oreille… Il s’est passé ça, je n’y pensais pas mais j’y pense maintenant, tout à coup, je découvre… ». Avec raison, car les bonnes intentions et les films à thèse ne font presque jamais des chefs d’œuvres mais Bas les masques se laisse tout de même regarder avec plaisir et Bogart, dans le rôle du rédacteur en chef, déterminé mais fragile, est excellent.
À noter que le roman du même titre de James Eastwood paru en 1953 dans la Série noire est postérieur au film et est en fait la novélisation de son scénario.