Bastion 36 par Incertitudes

A défaut d'avoir un jour le director's cut de trois heures de 36 Quai des Orfèvres dont Olivier Marchal parlait dès la sortie du film en 2004, il nous livre une fausse suite vingt ans plus tard où le petit-fils Belmondo reprend le rôle tenu par Auteuil, Attal celui de Dussollier, Tewfik Jallab celui de Depardieu.

Les personnages ne sont finalement pas du tout les mêmes même si les thématiques chères à Marchal depuis Gangsters restent les mêmes : flics dépressifs flirtant avec les limites (et les dépassant allégrement pour dire les choses), administration corrompue, rivalité entre services, racailles de banlieue là pour bouffer du flic. Les répliques claquent comme une balle de révolver entre deux shots de whisky. Il y a toujours en lui une amertume sur l'évolution de ce métier qu'il connaît d'autant mieux qu'il l'a exercé dans les années 80 et sur les conditions dans lesquelles les policiers exercent aujourd'hui leurs fonctions.

Si, à mes yeux, 36 Quai des Orfèvres reste encore aujourd'hui son chef d’œuvre (et je mets Gangsters pas loin que je trouve trop méconnu), c'est parce qu'il bénéficiait d'un face à face d'anthologie entre Depardieu et Auteuil. En tournant avec Victor Belmondo, je ne peux m'empêcher de penser ce qu'aurait pu faire Marchal avec Jean-Paul et Alain Delon. Les trois se seraient régalés à travailler ensemble.

Depardieu/Auteuil s'étaient vraiment mis à nu et avaient vraiment emmené leurs personnages...ailleurs. C'était leur vie ou pas loin. Ce que ne propose pas du tout Bastion 36 qui s'avère être un polar d'action avec tout de même un vrai savoir-faire dans ses courses-poursuites et ses fusillades qui auraient tout à fait leur place dans un film de Michael Mann.