Un pyjama pour deux
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le 9 août 2013
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Le comic américain Batman est publié pour la première fois en 1940. Il bénéficie d'une adaptation pour la télévision en 1966. Devant le succès de la série,un film sort la même année avec les mêmes acteurs et sur le même concept.
Batman et son fidèle Robin doivent enquêter sur la disparition d'un scientifique et de son extraordinaire invention: une machine à déshydrater qui retire l'eau des corps et les réduit à l'état de poussière. Après de multiples péripéties, nos deux héros mettent donc à jour un complot mené par leurs pires ennemis: le Pingouin, la Femme Chat, le Sphinx (l'Homme Mystère) et le Joker. Ces derniers ont volés la machine du scientifique et l'utilisent sur les membres du Conseil de Sécurité de l'ONU en vue d'exiger des rançons mirobolantes. Batman et Robin ont peu de temps pour sauver le monde libre!
Le film de Leslie H. MARTINSON est dans le sillage de la série éponyme: léger, volontairement kitch et baignant dans une ambiance très sixties.
Ce décalage avec la perception actuelle plus sombre du héros masqué, a contribué à la réputation de nanar (voire de navet) de ce film. Depuis les années 80 et les visions du personnage proposées par Frank MILLER ou Tim BURTON, le public d'aujourd'hui est habitué à un Bruce Wayne plus violent et torturé. Un Batman cabotin en tenue lycra moulante comme celui de notre film ici n'est pas des plus charismatique de nos jours. Mais c'est oublier que le long métrage fut un succès populaire à sa sortie et qu'il n'est que le produit de son époque.
De plus, Leslie H. MARTINSON (réalisateur de télévision ayant travaillé sur Le Frelon Vert, L'homme qui valait trois milliards, Wonder Woman ou encore Chips) livre ici un film de bonne tenue dont le kitch est volontairement recherché. En cela, Batman est un long métrage léger et souvent drôle, plaisant à regarder et sans ennui.
Ainsi, cette farce "super-héroïque" est notable par de bons gags bien sentis comme le fameux requin en caoutchouc, la bombe à retardement à faire exploser sans exposer de victimes innocentes ou encore le regard gentiment critique du film sur la politique et sur la Comission de Sécurité de l'ONU.
Son aspect très kitch et sixties est réjouissant. La Batmobile issue d'une véritable voiture, la Lincoln Futura de 1955, les costumes d'une autre époque, les états d'âme très années 50 de Batman lorsqu'il découvre avoir été séduit par Catwoman, jusqu'aux onomatopées aux couleurs criardes et très pop qui s'étalent sur l'écran pendant la grande bagarre finale; tout cela contribue à faire voyager le public dans une autre dimension, pour peu qu'il recherche le cocasse et le dépaysant à peu de frais.
Mais l’intérêt du film est surtout dû à la performance de tous ses comédiens.
Adam WEST (acteur de télévision mais qui a tout de même été contacté par le producteur Albert "Harry" BROCCOLI pour interpréter James Bond dans Les Diamants sont éternels. Mais puriste, il refusa le rôle, estimant que seul un anglais devait incarner le personnage) interprète un Batman droit, investi, sérieux et un peu con -avouons le-, en total décalage avec son environnement et les péripéties absurdes qui lui arrivent. C'est en cela qu'il est drôle.
Le jeu de Burt WARD pour le rôle de Robin est beaucoup moins nuancé. Le partenaire de Batman est un jeune garçon très boyscout des années 50, continuellement hystérique. Il n'a qu'un seul type de réaction: l'indignation face à l'injustice et celle-ci est systématiquement exagérée, pour notre plus grand plaisir. Mention spéciale aussi pour la course simulée sur fond en incrustation du meilleur effet.
Concernant les "méchants", Lee MERIWETHER interprète une Catwoman combattive, indépendante et physique. Burgess MEREDITH (Swing Romance avec Fred ASTAIRE en 1940 mais surtout Mickey Goldmill, l'entraineur de Rocky Balboa dans la mythique série de film du même nom) est le Pingouin, pour une fois meneur du groupe des vilains. César ROMERO (La Femme et le Pantin de VON STERNBERG avec Marlene DIETRICH en 1935, L'inconnu de Las Vegas en 1960) est le Joker qui pour la peine, se contente uniquement de rire ici. Il s'agit du méchant le moins bien écrit. Pour autant, avec sa célèbre moustache sous son teint fardé blanc, César ROMERO prouve qu'un bon maquillage sera toujours plus efficace pour camoufler un détail capillaire que n'importe quel effet numérique comme dans certains films d'action récents.
Mais l'interprétation la plus hallucinante reste celle de l'humoriste Frank GORSHIN dans le rôle du Sphinx. Il fut d'ailleurs nominé aux Emmy Award pour cela. L'acteur livre une prestation hors du commun pour l'époque: il réagit à tout, même en arrière plan, n'hésite pas à se jeter parterre et à jouer allonger, au plus près des éléments importants de la scène. Il est indéniable que, dans le même rôle, la performance mémorable de Jim CARREY dans Batman Forever (1995), en est inspiré et en est une référence, sinon un hommage.
Cela étant dit, le Batman de 1966 permet de revaloriser et de réévaluer le film de Joel SCHUMACHER en le replaçant dans son contexte référentiel. Le film s'inscrivait lui aussi dans une vision plus pop et télévisuelle du héros de Gotham City, à tort ou à raison pour l'époque ou pour aujourd'hui.
Quoi qu'il en soit, Batman est un petit film bien sympathique, bien réalisé comme un bon pastiche sincère et honnête. Un film à découvrir si vous voulez tous savoir du chevalier noir de DC Comics, même sous ses aspects les plus burlesques et datés.
Créée
le 4 mai 2021
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