Aujourd'hui, j'ai commencé à relire The dark knight returns, j'ai joué quelques heures à Batman Arkham city, et j'ai revu le Batman de Tim Burton. Ca faisait quelques jours que j'en avais envie, et finalement je me suis lancé aujourd'hui, le même soir que celui où Arte rediffusait le film. Un hasard.
La dernière fois que j'avais consulté la fiche SensCritique du film, j'étais surpris qu'il n'y ait pas de notes vraiment élevées dans les critiques les plus appréciées, moi qui adore complètement ce film depuis mon enfance. Je lisais pleins de gens dire que le film avait vieilli, et j'avais réagi en me disant "naaaaan, n'importe quoi, il a pas vieilli, c'est toujours aussi génial !".
En revoyant Batman aujourd'hui, j'ai quand même pu constater qu'il y a un peu de kitsch quand même, et que certains effets spéciaux comme les incrustations des personnages dans un décor peint avaient effectivement pris un coup de vieux.
Mais je m'en fous, c'est rien du tout, ce film est intemporel !
D'ailleurs Gotham city et ses habitants ne sont pas inscrits dans une époque. On a un héros avec des gadgets futuristes, des intérieurs au design moderne, mais des habitants habillés comme dans des films de gangsters des années 30.
Bizarrement, le mélange ne m'a jamais dérangé.
On a ce type de mélange aussi pour les décors, qui sont vraiment cools. C'est une chose à laquelle je n'avais pas prêté attention jusque là, car on ne peut pas dire que les décors soient "beaux", mais ils dépeignent parfaitement la ville fictive de Gotham, en en faisant une cité industrielle très polluée, toute grise, avec une architecture dont la démesure exprime une envie de modernité malgré le caractère sordide de la ville, rongée par le crime.
Les décors évoquent un peu l'expressionnisme allemand ; pas étonnant que le méchant dans la suite, "Batman returns", soit nommé Max Shreck...
On remarque aussi, dans les décors entres autres, une grande influence du mouvement favori de Burton : le cinéma gothique. Il suffit de voir le décor de la séquence finale, cette église immense et délabrée, pour s’en convaincre. Pour info, le réalisateur a aussi casté Michael Gough dans le rôle d’Alfred parce qu’il avait joué dans des films de la Hammer.
Il y a ce plan en début de film où on voit les ailes de la chauve-souris se déployer de chaque côté de la tête d’un truand en amorce qui évoque l’imagerie gothique, sinon il y a également tout au long du film ces éclairages et ces jeux d’ombre, notamment dans la scène où Batman ramène Vicki dans son antre et qu’il cherche à garder son identité secrète en conservant la partie découverte de son visage dans les ténèbres, ou du moins hors du champ de vision de la journaliste.
Evidemment ce sont des choses que je n’avais pas remarqué lors de mes précédents visionnages de ce film que j’ai vu tant de fois durant mon enfance.
Avec mon regard de maintenant, j’ai pu constater qu’il y a dans ce "Batman" un découpage soigné, qui se marie bien avec la classe de certains décors intérieurs, appartenant tous à des personnages friqués, aussi bien Wayne que Vicki ou les gansters comme Jack Napier. Souvent, la caméra part d’un détail, pour arriver ensuite aux personnages. J’aime ce regard qui prend la peine de s’attarder sur ce qu’on ne verrait pas en premier lieu.
Il y a une mise en scène assez appliquée que je n’ai pas remarquée, malheureusement, dans les derniers Tim Burton.
Dans une scène où le boss des méchants fait part de ses inquiétudes à ses hommes, on dézoome pour découvrir un malfrat assis dans un coin, et puis ensuite Jack Napier, posé tranquillement sur un fauteuil, dans ce qui devient le premier plan. Et juste quand le dézoom s’achève, il lance sa réplique. Je trouve ça pas mal, c’est une façon de mettre en scène les personnages à laquelle on ne pense pas forcément.
A plusieurs reprises, Burton favorise les petites idées comme ça aux passages tout simples d’un plan à un autre. Lors du repas entre Wayne et Vicki, quand cette dernière demande au héros de lui passer le sel, au lieu de faire un simple panoramique suivant le personnage, la caméra effectue un travelling en plus du pano qui la fait se retrouver derrière le siège de Wayne. Ainsi la scène se poursuit avec un changement d’angle qui apporte du dynamisme, mais sans coupe.
On sent derrière tout ça une application du réalisateur, qui essaye de penser à pleins de choses qui apportent un plus au film. Il y a de petits détails, auxquels on ne fait pas attention forcément.
Ce n’est pas anodin si le film débute avec un père et une mère accompagnés de leur fils, qui se font braquer dans une allée à l’écart, à la suite de quoi Batman intervient. Dans cette petite famille, sans que ce soit directement évoqué, on a un écho du trio formé par Bruce et ses parents lorsque ces derniers ont été abattus. D’ailleurs la dernière fois que j’avais revu le film, j’avais cru que c’était les Wayne.
Autre chose que je n’ai remarqué qu’aujourd’hui, c’est le fait que le soir où Vicki couche avec Bruce, elle se réveille en découvrant son amant s’exerçant sur un appareil qui le suspend la tête en bas. Encore une fois, ce n’est pas anodin, Bruce aurait pu tout simplement faire des pompes ou soulever des haltères, mais Tim Burton a choisi un exercice qui rappelle la chauve-souris.
C’est en des détails comme ça qu’on reconnaît le talent d’un metteur en scène.
J’ai également trouvé la caractérisation des personnages géniale, et la dynamique entre chacun d’eux est établie rapidement et efficacement. Je pense que la séquence de réception chez Wayne, durant laquelle on voit Alfred rattraper les petites bêtises de Bruce, suffit à faire comprendre immédiatement le dévouement du majordome, et le fait que le héros ne pourrait se débrouiller sans lui. Et tout cela avec une touche comique, en plus.
Ce soin est même apporté aux personnages nouveaux, qui ne sont pas dans le comics, et qu’on aurait pu imaginés sous-développés du coup : Bob l’homme de main ultra-serviable du Joker, et le journaliste travaillant avec Vicki, Alexander Knox. On saisit rapidement ce dernier : il essaie désespérément de plaire à Vicki, mais on sait dores et déjà qu’elle ne sera jamais avec lui, la médiocrité de Knox l’en empêche.
Jusque là j’ai évoqué tout ce que j’ai vu avec mon regard d’adulte. Si j’ai tant aimé "Batman" étant enfant, et que je l’adore toujours autant d’ailleurs, c’est en grande partie parce que ce film me fait trop marrer. Et pas seulement grâce au Joker, même s’il est responsable de mon hilarité la plupart du temps.
Je me suis fait la réflexion lors de mon dernier visionnage que Jack Nicholson est dieu dans ce film. C’est dieu. Tout simplement.
Le personnage en lui-même est complètement taré et farfelu, mais en plus la performance de l’acteur est extraordinaire, il suffit que le Joker apparaisse, il suffit qu’il dise un truc, n’importe quoi, pour que je sois plié en deux.
"My balloons ! Those were my balloons !". Phénoménal.
J’ai mis 10/10 à cette œuvre, ce n’est peut-être pas tout à fait objectif, mais je trouve quand même que c’est un film génial.