Un retour en état de grâce
Christopher Nolan fait table rase des précédentes adaptations du chevalier noir, en créant son propre univers, plus sombre, mais surtout plus réaliste. Le réalisateur apporte également une dimension dramatique qui sert bien le ton pessimiste du récit et qui s'inspire directement des meilleurs comics du héros (Year One, Un Long Halloween). On retrouve ainsi les éléments qui ont fait le succès de ces deux chefs-d'œuvre de la bande dessinée américaine : mafia omniprésente, police corrompue et un Gordon au personnage plus développé que d'ordinaire. Batman Begins est donc une adaptation de comic-book on ne peut plus fidèle, qui ravira sans mal les inconditionnels du célèbre héros DC.
Il faut aussi reconnaître au réalisateur d'avoir élaboré un scénario et des intrigues particulièrement ingénieuses, qui permettent d'introduire le personnage de Ra's al Ghul dès cet opus d'introduction, en lui donnant des liens plus étroits avec Batman. Christian Bale campe un Bruce Wayne psychologiquement torturé et plus humain que jamais (avec du recul, on constate que la voix rauque du héros est une idée de génie), en faisant beaucoup d'ombre à ses prédécesseurs. Le reste du casting n'est également pas en reste, avec la présence des monstres sacrés Morgan Freeman et Michael Caine (qui apporte beaucoup de profondeur au récit et est d'ailleurs en charge de la plupart des répliques cultes), ainsi que du très charismatique Liam Neeson.
Au niveau de la technique, les nouveaux gadgets de ce Batman sont particulièrement jubilatoires, notamment cette Batmobile proche du design de celle du The Dark Knight Returns de Frank Miller (la course poursuite est d'ailleurs l'un des moments forts du film). Quant à la bande originale de Hans Zimmer, tout simplement magistrale, elle permet au spectateur de s'immerger comme jamais dans le film. Quelques reproches à faire tout de même : une mise en scène quelquefois brouillonne lors des scènes de combat, ainsi qu'un final qui devient un peu long au bout de plusieurs visionnages. Finalement plus proche du drame humain et du thriller que du simple film de super-héros, Christopher Nolan arrive sans mal à imposer sa vision de Batman avec cet opus d'introduction épique, en rendant son héros accessible à un plus large public, d'où le succès mérité que l'on connait.