Batman Begins marque le premier reboot d’une franchise de super-héros qui deviendra par la suite une mode qui suivra avec L’incroyable Hulk, Star Trek ou encore Man of Steel qui réemploieront une méthode semblable au film de Nolan : une vision réaliste et bien plus sombre du super héros visé.


Si vous avez lu mes critiques dernièrement, vous savez que je suis un fan attaché aux Batman de Burton : le premier était superbe malgré quelques défauts, et le second fait sans mal parti de mes films de super-héros favoris. Pour ce qui est des films de Schumacher, je préfère ne pas en parler, que ça soit cette daube de Batman Forever ou le navet intersidéral que représentent le fameux Batman et Robin. A partir de là, le genre du super-héros était mort et enterré avant l’arrivée de Raimi et Singer avec les Spider-Man et les X-Men que l’on connait que trop bien. A partir de là, le genre a eu un nouvel élan que ça soit avec ces deux sagas, Marvel qui se lançait dans la production de films de super-héros et bien sur, DC a lancé à son tour la machine à super-héros mais avec un aspect plus sombre grâce justement à Christopher Nolan et son reboot sur l’univers de l’homme chauve-souris.


A sa sortie, Batman Begins a non seulement connu un énorme succès, mais ça a même davantage popularisé la vision gothique que l’on avait de Batman en plus de donner naissance à cette fameuse modes des reboot (avec du bon comme du moins bon parce que… la version mature de Spider-Man, bof bof hein). Aussi bizarre que ça puisse paraître, je n’ai jamais été aussi attiré que beaucoup d’entre vous par la trilogie Dark Knight, surtout parce que je n’avais pas réussi à voir les 2ème et 3ème films en une fois et aussi parce que la période Dark Knight est passé donc, je me relance dans un revisionnage de chaque film. Et bien que pour ce reboot je ne sois clairement pas aussi séduit avec la vision Burtonien, c’est quand même un pari extrêmement réussi que Nolan nous propose ici, c’est brillant et même si je trouve des choses à redire, je ne vais pas non plus dire que je n’ai pas pris plaisir à revoir ce film.


Christopher Nolan était donc en charge (en plus du scénario avec Davis S. Goyer) de la mise en image et de la réalisation, et le travail est presque parfait. Les plans larges sur Gotham que ça soit sur les quartiers pauvres d’Arkham Asylum ou la banlieue gigantesque sont grandioses et offrent un immense aperçu de cette ville en proie au crime et à la corruption, les décors et les environs sont très travaillés et les effets numérique, même aujourd’hui et bien qu’ils soient très peu nombreux, sont toujours aussi remarquable et difficile à déceler au regard. C’est surtout ce qu’on peut apprécier ici, l’effet limité des effets numérique au profit de l’histoire et des scènes d’actions que Nolan arrive à intensifier au montage et à l’aides des chorégraphies ou des mouvements de caméra, la scène la plus impressionnante étant subjectivement


celle ou Bruce passe l’épreuve finale et ou il fait face à sa propre peur, celle des chauve-souris (une idée vraiment ingénieuse d’ailleurs) ou la tension palpable est présente et ou on la ressent littéralement à travers Bruce Wayne.


Par ailleurs, le costume du justicier dans la version rebooté est classe, et même si je n’aime pas l’admettre, il est plus stylé que celui de Michael Keaton dans la version Burton, surtout quand on voit que la direction artistique a pensé à reprendre


les manches à pics de l’entraînement de Bruce Wayne à la ligue des ombres pour le costume,


c’est une idée petite mais qui m‘a plu dans le sens ou cela nous ramène immédiatement à la genèse du justicier de Gotham City. A la limite, le seul passage ou je pourrais chipoter, ce serait pour


la scène de mort des parents de Bruce Wayne que je trouve un peu trop édulcoré pour une vision qui se veut plus mature et un peu maladroite au moment fatidique, je demande pas à ce que ça soit sanglant mais vu que Nolan avait une main mise évidente sur ce film ça aurait renforcer l’impact de leur mort.


Mais soyons pas râleur non plus, ce serait idiot de râler sur Nolan quand on voit quel mal il s’est donné pour rendre Batman aussi épique et lui rendre honneur après la merde que Schumacher avait fait il y a 8 ans plus tôt.


A la musique, on se souvient bien sur du travail de Danny Elfman sur les deux premiers Batman qui reste pour moi un modèle de musique à univers. Elliot Goldenthal n’avait pas fait un très bon travail avec Schumacher hélas et je préfère ne pas m’en rappeler. Ici par contre, on a eu du pot avec l’alliance James Newton Howard/Hans Zimmer pour créer un nouveau thème au justicier masqué, et le résultat est excellent. Les morceaux sont variés et dégagent un aspect thriller/policier qui permet à ce film de se démarquer énormément des films de Burton et le thème principal, on la retient sans aucun mal surtout dés sa première utilisation avec l'entrée en scène définitive de Batman. Cela dit je n’en suis pas fan, le mélange percussion et trombones sur deux notes fortes a beau avoir son effet mais vu que les trombones sont les instruments de prédilection de Hans Zimmer j’espérais quand même quelque chose de plus fort. J’apprécie vraiment dans l’ensemble mais une fois de plus, je suis plus adhérent aux BO de Elfman qu’à celui de Zimmer et Howard.


En revanche, il n’en sera surement pas de même pour les personnages et leurs acteurs qui, pour le coup, se démarquent très largement de la vision Burton et apportent vraiment quelque chose en plus. Christian Bale, alias Moïse dans Exodus : Gods and Kings ou encore John Rolfe dans Le Nouveau Monde, avait la lourde tâche d’interpréter à la fois Bruce Wayne et sont double Batman et de succéder à George Clooney après l’horrible interprétation de ce dernier dans vous savez quel bouse et bien sur de surpasser Michael Keaton qui reste toujours un excellent Batman selon moi. Et bien non seulement Bale est parfait du début à la fin, mais je pense même qu’il arrive à surpasser Keaton sans trop de mal.


Car ici, Christopher Nolan s’intéresse aux origines de Batman et donc à ce qu’était Bruce Wayne avant de devenir un justicier et un protecteur pour Gotham, et la meilleure idée du film je trouve


c’est d’avoir fait des chauves-souris sa phobie avant d’être le symbole du justicier masqué qu’il deviendra, non seulement ça renforce la terreur que doit inspirer le héros au criminel, mais ça donne une consistance très profonde à Bruce et ça passe toujours par des étapes intéressantes.


De plus, le fait de voir un Bruce Wayne


avide de vengeance ou même lâche quitte à tuer le meurtrier de son père et à renier la liberté conditionnelle de ce dernier est juste génial,


c’est facile de dire ça mais c’est vrai, on donne à Bruce Wayne un parcours avant de devenir Batman, même une fois qu’il devient l’homme chauve-souris on ne s’ennuie pas et son parcours continue pour confirmer son statut de justicier. Il est même fascinant de voir un Batman qui,


au lieu d’attendre un signal de détresse, se prépare constamment pour ses prochains combats et ses prochaines interventions en étant constamment en mouvement et en activité.


Et puis, personnellement je trouve un charisme énorme à Christian Bale, donc sincèrement je suis très heureux d’avoir apprécié sa performance.


Et j’ai également apprécié l’excellente performance de Michael Caine en figure paternel dans le rôle d’Alfred Pennyworth. La version Michael Gough était bonne mais ici Alfred est bien plus mis en avant pour en faire un vrai personnage auquel on arrive même à s’attacher, là ou la version Burton était surtout un donneur de conseil et plus un ami qu’une figure paternel pour Bruce Wayne. Quelque soit le moment ou on le voit, Caine arrive vraiment à inspirer énormément de sympathie avec son personnage, surtout dans les moments les plus dures pour Bruce.


On a également la chance de voir un Jim Gordon beaucoup plus en valeur par rapport aux autres versions, campé ici par le grand Gary Oldman que j’avais vraiment retenu jusqu’à maintenant que dans Léon de Luc Besson. Mais à vrai dire, je l’ai trouvé bien plus investi dans ce rôle de flic intègre et investi que dans celui du grand psychopathe que Besson m’avait gravé en tête. On ne passe pas énormément de temps avec sa famille mais le peu d’apparition qu’il fait et la performance de l’acteur suffisent à rendre le personnage sympathique et ça suffit à me pousser à voir la suite pour voir comment il est exploité. Et parmi les personnages de l’univers de Batman, Lucius Fox est aussi de la partie, joué excellemment par un Morgan Freeman qui a toujours une pu**** de prestance qui aide à s’intéresser facilement à ce conseiller financier et expert en conception d’outils et d’instruments.


Le personnage de Rachel Dawes en revanche est totalement inventé puisque d’après ce qu’on sait, elle n’existait pas dans les comics et c’est même une bonne surprise ici. On aurait pu croire qu’elle deviendrait une énième femme en détresse mais Nolan ne tombe pas dans le piège et elle est même un personnage respectable avec une personnalité et un but à atteindre, mais


au point de la faire battre l’épouvantail en un tire de taser… désolé Nolan mais t’abuses là, d’accord pour les amis ou petit amis de héros fortes et débrouillarde avec du caractère mais pas au point de battre un méchant de l’univers de Batman non plus.


Cela dit, c’est aussi bien de se limiter qu’à l’amie d’enfance entre elle et Bruce


même si on voit qu’elle a été tenté d’aller plus loin, et Kathie Holmes était très à l’aise également.


Du côté des méchants, on connait tous au moins un antagoniste de l’univers de Batman, je veux dire : qui n’a pas au moins entendu parler du Joker, d’Harley Quinn, du Pingouin ou même de l’épouvantail ? Ici, c’est à Cillian Murphy de jouer le célèbre docteur Jonathan Crane, un docteur spécialisé dans les phobies des gens. Et sincèrement, autant j’apprécie la performance de Murphy et le méchant dans un premier temps,


mais le voir se faire battre comme un looser en sachant qu’il servira uniquement pour des apparitions dans les films à venir m’a quand même laissé un sacré froid.


Et pourtant le personnage en lui-même est pas si mal, le psychotique qu’est Crane a de quoi plaire mais les scénaristes sont passé à côté et il en devient quasiment oubliable.


Sans compter qu’au final, le vrai méchant de l’histoire,


c’est Ra’s Al Ghul qui, là en revanche, est assez réussie que ça soit pour ses motivations, sa mentalité et la performance des acteurs, en l’occurrence Liam Neeson qui s’avère très à l’aise dans le rôle d’un purificateur à l’extrême et mentor de Bruce Wayne dans un premier temps. On s’attache même à lui dans un premier temps avant d’en faire un vrai salaud de première.


Même Carmine Falcone qui n’est à la base qu’un parrain de la pègre de Gotham n’est pas si mauvais je trouve, cela grâce à un très bon Tom Wilkinson et des dialogues qui aident à le rendre assez efficace pour prendre le personnage au sérieux dans un premier temps,


après vu qu’il reste un pion l’intérêt du personnage reste assez limité au final mais au moins il a le mérite de ne pas être aussi soporifique ou inintéressant que n’importe quel parrain de pègre classique.


Linus Roache et Sara Stewart apparaissaient uniquement dans les souvenirs de Wayne en tant que parent, et ils faisaient bien le boulot également. De même pour Colin McFarlane. On notera aussi une apparition de Rutger Hauer et de Ken Watanabe.


En gros, on n’a aucune raison d’avoir honte de la vision réaliste que donne Nolan des personnages dans ce film, surtout avec Christian Bale qui l’emporte haut la main et arrive même à faire oublier le dernier Batman façon George Clooney.


Concluons avec le dernier point de cette critique, l’histoire que ce reboot nous propose. Les films de Burton, si vous les avez vu, proposez une vision très comics de leur univers et s’adressaient plus aux fans du héros qu’au public néophyte même si Burton avait prit soin d’inclure un personnage représentant le spectateur avec Kim Basinger pour aider le public à s’intéresser au justicier à ce que représente Batman sans qu’il soit aussi central. Même la BO de Danny Elfman et la mise en scène faisaient plus penser à un univers de bande-dessiné sombre sans que ça ne soit une retranscription de bande-dessiné.


Ici, Christopher Nolan et David S. Goyer se détache totalement des autres films de la saga, et le ton est ici bien plus dramatique et pesant que dans les autres versions, et tant mieux. Après, tout n’est pas réussi,


la défaite de l’épouvantail reste quand même très foireuse, et j’insiste, je me répète mais bon quand même, et bien que j’apprécie Ra’s Al Gul, ce dernier a quand même un temps d’apparition un peu trop limité pour marquer pleinement les esprits.


Mais au-delà de ça, difficile de faire des reproches quand on retrouve les principaux thèmes de Nolan dans ses films, ici l’obsession pour la quête de justice de Bruce et le mensonge à travers sa double identité, ou plutôt une figure symbolique qui va bien plus loin du film de comics et avec des enjeux plus profond.


La décadence et la corruption de Gotham est ici plus évidente et beaucoup plus réaliste que la version du film de 1989 avec un aspect policier et thriller qui marche avec l’univers de Batman.


On prend le temps de connaître les traumatismes de Batman, ses peurs et ses idéaux à travers son désespoir et ses futurs espérances ainsi que ses craintes pour l’avenir de Gotham et ses relations avec Rachel, Alfred et aussi Lucius.


Et beaucoup d’élément se relient les uns aux autres sans que ça soit forcé,


rien que le poison du professeur Crane a une origine intéressante, le lien étant fait avec celui des fleurs bleues d’Asie que Bruce a déjà connu en ramenant l’un d’eux à la ligue des ombres, sans savoir qu’il est utilisé comme gaz empoisonné utilisé plus tard. De même pour le fait que Henry Ducard ait prit Bruce comme élève et en sympathie (dans un premier temps) car ayant déjà eu affaire à son père auparavant quand il voulait renverser Gotham City par la voie de l’économie.


Par ailleurs, Nolan se permet même de faire quelques clins d’oeils sympathiques aux fans du comics avec le caméo du personnage de Victor Zsasz, un des méchants de l’univers de Batman et même de faire patienter son public


avec un clin d’œil au Joker que l’on retrouvera dans le prochain film (promis, dés que je le revois, je ferais une comparaison entre la version Ledger et la version Nicholson et je dirais lequel je préfère une bonne fois pour toute).


Donc, oui, ce reboot est une réussite, et même si ça reste un petit cran en dessous des deux Batman de Burton personnellement parlant, c’est mille fois mieux et plus endiablant que les daubes de Schumacher. Bale pue la classe, la BO envoie du pâté aux chauves-souris, la mise en scène est intense et maîtrisée, et l’histoire pleine de bonnes idées bien exploitées, et même si ça a fait de l’ombre aux films de super-héros plus colorés comme les Spider-Man de Raimi, ça me pose pas de problème car ça me fait au moins une très bonne raison pour voir la saga entièrement cette fois-ci. Et si vous n’avez pas encore vu ce reboot, n’hésitez surtout pas.

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