Batman Forever par T_wallace
Jamais o grand jamais le monde de la médecine n'aura découvert sujet plus intéressant que ce Joel Schumacher.
Et il semble bien que la science soit vernie ces temps-ci, car l'heureux évènement de cette découverte vient de s'accompagner de la mise au point d'un machine dont Spike Jonze n'aurait pas renié l'usage : cette formidable invention permet de passer à loisir dans la peau d'une personne de son choix, ce qui va nous permettre de décortiquer avec une acuité jusqu'alors jamais atteinte les turpitudes de notre passionnant cas d'étude.
Préparez vous, messieurs dames, à entrer dans la peau de Joel Schumacher (n'essayez pas de faire ça chez vous) !
"Batman était en difficulté face au joker dans le premier ? Catwoman et le pingouin lui donnaient du fil à retordre dans le second ? Eh bien il affrontera encore deux ennemis d'un coup dans ce nouvel épisode, messieurs dames ! Mais en prime, on va lui coller dans les pattes un jeune bellâtre jaloux de son succès qui va lui faire connaitre tout un panel d'émotion à base de rivalité mais aussi d'amitié érotique gay de mauvais goût.
Mais attention, pour incarner ces personnages hauts en couleur et renforcer leur attitude chaotique à l'écran, nous allons les habiller de la plus folle des manière : double face aura un côté "gay des ville et gay des champs", par exemple, avec une très excitante tenu moitié tigre dessinée par Viktor et Rolfe, tandis que Robin, la régulière de notre héros au ptit c...euh...au grand coeur, sera affublé d'une combinaison moulant ses pecs à la perfection, rendant honneur à ses mignons tétons, le tout lui donnant un aspect terrrrrriblement sexy. J-P Gautier m'a fait un prix pour celui-là.
Et ce n'est pas tout ! Comme nous avons carte blanche pour faire ce que l'on veut avec les acteurs les plus bankables du moment, on ne va pas s'embêter à leur donner la moindre consigne. C'est vrai, quoi, le budgets au cinéma, c'est fait pour faire des beaux décors en cartons pâte, louer des studios et les caméras qui vont avec, et puis tout ce cuir, vous ne vous rendez pas compte de ce que ça coute !
De toute façon, la Warner m'a bien dit : Jojo, ne cherche pas à diriger tous ces idiots qui se croient plus forts que toi, contente toi de nous faire de jolis véhicules qui roulent dans un joli décor.
Alors j'ai puisé dans les 100 Millions qu'il m'ont donné, j'ai un peu cherché dans les dessins que ce lugubre Tim avait laissé pour ses Batman à lui, j'ai regardé le dvd de Mylène Farmer, et j'ai eu l'idée de cette splendide batmobile insectoïde, complètement dans l'esprit de discrétion et de furtivité de Batfofolle.
Tommy m'a déjà demandé s'il pouvait cabotiner autant que Jim, et je lui ai répondu que oui, pourquoi pas, tant que ça ne consiste pas à faire des choses dégoutantes avec cette perche de Nicole Kidman que la production m'a fichue dans les pattes. Ce sont de grands comédiens ; pas comme cette gourde qui va voler la vedette à ma perle rare dont je voulais faire la star avant l'heure d'une génération d'acteurs à Hollywood comme Jason Patrick ou Matthew Davis, j'ai nommé le grand Chris O'Donnell, messieurs dames !
Mais bon, je m'emballe, c'est vrai qu'ils n'a pas encore percé et que je suis peut-être allé un peu vite pendant le casting, mais il me regardait avec une telle lueur d'amour dans les yeux, un authentique brasier consumait une à une toutes mes velléités quand il dardait ses rayons vers moi, tel un magnifique soleil empli de la plus pure des liqueurs de jouvence...oh...je ne sais pas si je m'en remettrai un jour. Et personne d'autre que moi ne peut comprendre ce choix. Non, personne.
Montre leur, Chris ! Fais nous encore ta pirouette et ton beau sourire...Ah, quel formidable gamin...
Si la prod me refile un cachet pour un deuxième film, et nul doute que ça marchera, je le fais signer tout de suite. Et cette fois, j'écrirai moi-même le scénario, ou alors j'aurai mon mot à dire pour que Robin ait une plus grande importance dans la trame narrative. Oh, je sais ! Je vais faire en sorte que la bonne femme, ce coup-ci, elle soit du côté des méchants ! Comme ça il ne découchera plus, le batman !"
Nous interrompons cette passionnante expérience pour vous délivrer quelques une de nos conclusions quant au cas -n'ayons pas peur des mots- désespéré de ce sujet :
1) Il semble évident qu'un traumatisme post-Rocky horror picture show, syndrome bien connu dans le show buisness, a rendu cet homme à la fois archi-dépendant aux couleurs vives -ce qui nous pousse à penser que son âme d'enfant est son avantage numéro 1 dans le choix de la Warner de lui confier la tâche de réaliser un Batman-, mais aussi dépendant à une imagerie crypto-invertie qui passe relativement bien aux yeux du public sous prétexte que l'on peut batifoler dans des combinaisons en cuir quand on est un super-héros.
Dans l'état actuel des choses, nous ne pouvons prévoir avec certitude de quelle manière ce syndrome risque de se développer, et quelles en seront les conséquences...
2) On peut ajouter, au vu de l'apparente faiblesse psychologique du sujet et de sa propension à passer par toute la gamme des émotions en très peu de temps, que l'on ne peut pas légitimement s'attendre à un travail de réalisation cohérent de sa part. On peut même aller jusqu'à affirmer sans risquer de froisser la profession, que nous avons affaire à un sujet cyclothymique à tendance passive-agressive qui implique beaucoup trop sa personnalité instable dans son film.
Tout ceci mène inexorablement au fameux nanar, bien connu des écoles de médecine moderne. Mais ce cas dépasse de loin les observations les plus courantes, et ne saurait entrer dans la catégorie des nanars bénins.