Le jeu du chat et de la (chauve-)souris

Alors que Gotham City s’apprête à fêter Noël, un nouveau méchant fait son apparition en la personne d’un homme difforme élevé par des pingouins (Danny DeVito). Batman va devoir reprendre du service, mais se voit troublé dans son travail par l’apparition d’un troisième camp à travers l’irrésistible Catwoman (Michelle Pfeiffer)...

La réussite du premier volet sous l’égide de Tim Burton devait irrémédiablement mener à une suite, et c’est donc tout naturellement que l’on voit le réalisateur reprendre du service pour ce second épisode, non sans avoir obtenu des studios la condition d’une liberté créative totale. Si l’on en juge par le résultat, cette condition a dû être respectée, car Batman : Le Défi s’avère un délire garanti 100% Burton. On retrouve en effet sa capacité unique à mélanger le gothique et le burlesque en un cocktail explosif du meilleur effet.
Naviguant constamment entre le film noir et la comédie, frôlant l’horreur sans jamais y rentrer, cet épisode s’avère donc digne en tous points de son prédécesseur, parvenant à se renouveler jusque dans son méchant, nous en offrant un d’anthologie avec le Pingouin, qui, même s’il a le malheur d’arriver après l’inatteignable Joker campé par Jack Nicholson, s’en différencie suffisamment pour qu’on n’ait aucune impression de redite. La comparaison ne tient toutefois pas en sa faveur, car là où le Joker de Nicholson réussissait le tour de force de séduire jusqu’à son spectateur par sa capacité à être aussi drôle que menaçant, le Pingouin de DeVito ne s’avère "que" menaçant. Heureusement, la superbe Michelle Pfeiffer vient parfaitement combler le vide en apportant au film un personnage extrêmement bien écrit, parfaite mise en abyme de Batman lui-même par sa dualité, et que le tiraillement entre deux camps rend très intéressant.
Pour le reste, le film de Burton reste tout-à-fait fidèle à l’ambiance du premier volet, et c’est avec un plaisir infini que l’on se replonge dans les décors tordus et somptueux de Gotham City (cette fois dû au talentueux Bo Welch), au rythme de l’incroyable partition de Danny Elfman, et d’un scénario sans aucun temps morts qui achève de faire de ce Batman : Le Défi non seulement un classique du cinéma de super-héros, mais aussi un classique du cinéma tout court.