Ayant gagné la confiance des producteurs ainsi que celle d'un public encore abasourdi par l'arrivée au cinéma du super-héros alors absent du grand écran, Tim Burton continue sur sa lancée et offre une séquelle bien différente, sorte de conte extrêmement noir avec pour personnage principal le Caped Crusader. Plus violent, plus épique, plus sombre, plus gothique aussi, Batman: Le Défi va encore plus loin que son prédécesseur, creusant au plus profond de l'âme de son héros torturé, complexifiant une intrigue passionnante avec l'arrivée de ce Pingouin à l'existence tragique et d'une Catwoman inédite présentée ici comme une justicière-voleuse sexiste.


C'est donc dans un Gotham City plus désespéré que jamais que Burton nous livre une nouvelle histoire tournant cette fois-ci autour d'un génie du crime terré dans les égouts, le Pingouin, véritable freak banni de l'humanité qui va prendre progressivement sa revanche sur le monde, épaulé pour cela du millionnaire Max Shreck et, occasionnellement, de la sexy Catwoman, ex-secrétaire timide de Shreck revenue d'entre les morts pour prendre une amère vengeance. Cette douce et lente double-revanche, personnifiée par deux ennemis charismatiques au possible, va bien entendue être contrecarrée par un Batman plus solitaire que jamais, à nouveau torturé par son passé et par son rôle de justicier de l'ombre.


Nous retrouvons dans cette séquelle tout le talent d'un Tim Burton libre comme l'air, étayant ici son imaginaire glauque et fantasque, dépeignant des bêtes de foire pathétique autour d'une lourde ambiguïté sexuelle présente à chaque recoin, que ce soit lors de scènes explicites comme les face à face tendancieux entre Batman et Catwoman ou bien tout simplement lors de séquences plus courtes mais tout aussi ambigües. La schizophrénie est également le mot d'ordre dans ce deuxième opus mais aussi plus explosif, les scènes d'action étant magnifiquement bien orchestrées avec un dynamisme alors inédit pour le réalisateur (en témoignent la course-poursuite contre la police ou encore le final avec les pingouins).


Aidé par la somptueuse musique d'un Danny Elfman toujours aussi inspiré qui allie désormais clairement thèmes épiques et mélodies mélancoliques, par les décors surréalistes de Bo Welsh, faisant parties intégrantes du long-métrage, sans oublier l'interprétation haut de gamme présentant comme nouveaux venus le génial Danny DeVito (méconnaissable sous le maquillage effrayant du Pingouin), l'excellente Michelle Pfeiffer (surprenante) et même l'inattendu Christopher Walken dans un nouveau rôle de méchant vicieux et antipathique. Ainsi, Batman: Le Défi reste l'une des pièces maitresses de la filmographie de Tim Burton et l'une des meilleures adaptations de Batman au cinéma, caressant de près les aspects les plus sombres et les plus dramatiques du comics.

Créée

le 3 avr. 2019

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