La féline.
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le 20 mai 2013
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Après un Batman qui a cartonné, la Warner veut poursuivre sur cette excellente lancée en préparant un second opus.
Tim Burton, initialement pas très chaud à l'idée de rempiler, finit par accepter lorsque le studio lui promet carte blanche. Tout est permis, et Burton va clairement en profiter. 3 ans après la sortie du premier opus, Batman Returns (ou Batman Le Défi dans nos verts patturages) débarque dans les salles.
Le démarrage est d'abord tonitruant ! Le film connaîtra ensuite une carrière au BO fort honorable mais bien en deçà du précédent opus, et va surtout souffrir d'une réputation bancale.
Voyez-vous, le film ne plait ni aux partenaires commerciaux, ni au grand public. Il est bien trop sombre, et le Pingouin version Tim Burton est effrayant pour les enfants. McDo et d'autres partenaires décident même de retirer leur support, soit en rompant le deal, soit en modifiant les produits, tels un jouet du perso du Pingouin, switché avec un design plus proche des comics et surtout moins horrible. Beaucoup de parents ne veulent certainement pas que leur enfant joue avec une figurine qui bave du sang vert.
C'était le premier Batman que j'avais vu de ma vie et malgré son ton relativement sombre, j'avais adoré.
C'est aussi le Batman que j'ai le plus revu avec TDK. Donc autant vous dire que je savais dans quoi je m'embarquais avec ce revisionnage.
Toujours est-il que si mon opinion n'a globalement pas trop changé, il y a quand même quelques petits aspects qui m'ont un peu plus fait tiquer qu'auparavant.
Je signalais dans ma critique précédente que Burton s'était un peu contenu en termes de proposition artistique, là il a enfin pu aller jusqu'au bout de ses délires, à tel point que son univers prend singulièrement le pas sur celui de notre homme chauve-souris. Si le Batman de 89 disposait tous les éléments trouvés ici, Batman Returns pousse les potards à 11 et mélange avec un plaisir encore plus prononcé enfantillages légers et obscurité obscène. C'est poisseux, c'est sombre, il neige mais l'esprit de Noël est totalement retourné, et la musique se targue bien de nous rappeler qu'il ne s'agit effectivement pas d'un gentil film pour enfant, ce jusqu'à sa conclusion douce-amère (mais surtout amère).
Là où je tique un poil plus, c'est le fossé entre les éléments définitivement gothiques et sombres du film et ceux plus accessibles et généralement proches du kitch. Ça n'est certainement pas au point de m'en dégoûter, loin s'en faut, mais je suis devenu un peu plus sensible à ce grand écart, et ce qu'il autorise malgré lui au sein même des péripéties et des enjeux du film. Le mélange ne marche plus autant que si on est enfant, et si l'on peut pardonner, difficile de simplement fermer les yeux sur les facilités que ça peut engendrer.
Mais au diable les pinailleries, le film est un si joli cocktail que ça serait trop injuste de lui retirer sa gloire à cause de ça. Transpirant l'âme de son réalisateur par tous les pores, l'univers de Batman, capable de fulgurances extraordinairement dark en comics, parvient pourtant à s'en démarquer avec une patte qui dépasse largement le cadre d'une simple proposition violente ou gore. Burton ne fait pas qu'honorer son propre cinéma et Batman, il les mêle à une forme de macabre grandiloquent, alimentée autant par les visions expressionnistes du Cabinet du Docteur Caligari que par la décrépitude d'une société comme celle illustrée dans Metropolis.
C'est une lettre d'amour à tant de choses de la part de son réal, qu'hélas parfois il perd un peu ses moyens et le fil de son histoire. Et le grand perdant de tout ce remue-ménage... c'est bien Batman.
Car si Gotham, le Pingouin ou Catwoman n'ont jamais autant paru uniques, Batman lui, est contraint de survivre dans leur ombre. D'autant que si, masqué, Bruce Wayne apparaît déjà bien peu, c'est également le cas de Keaton dans son déguisement de riche milliardaire. Une différence que j'ai trouvé encore plus notable en enchaînant Batman 89 et cette suite. Ajoutons à cela un jeu beaucoup plus nuancé et grave de la part de Keaton, et nous avons au sortir une partition bien moins satisfaisante à mon goût, sans pour autant être mauvaise, loin de là.
Un film vraiment unique dans le petit monde des films de super-héros, poussant ce que Burton avait tenté sur le premier film à son paroxysme, pour le meilleur et pour le pire, même si vous aurez compris que je retiens bien plus le meilleur que le pire !
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le 2 sept. 2021
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