Le premier qui dit que Michael Keaton est le sosie de Julien Lepers, je l’étripe !
Malgré ce qu'on peut avoir comme préjugés sur les films de super-héros (tels "je suis un gentil, j'ai une cape, un masque, des gadgets dignes d'un 007 et je vais sauver le monde/la ville/ta maison des mains des méchants") soit des à priori de films assez cul-cul s'arrêtent sur ce film, et c'est peut-être grâce à un seul nom : Tim Burton. (Et d'ailleurs, les deux films qui suivront seront de belles merdes : Batman Forever et Batman & Robin)
Malgré la sortie du film en période estivale (en juillet 1992 exactement), cela ouvrait un côté "familial" au film, c'est sans compter l'apport de Tim Burton à la série… En effet ce film se retrouve dans un juste milieu entre un côté violent (la scène de dénouement où Shreck est électrocuté), sexuel (avec un certain sado-masochisme dans la relation de Batman et Catwoman) et trop sombre. Très peu de scènes ont été tournées dans la journée, ces scènes ont même été tournées en intérieur ne bénéficiant pas de lumière naturelle. De plus, une lumière bleutée domine, faisant de ce film une œuvre en "noir et bleu". Aussi, dans les décors on y retrouve la griffe de Burton et son univers, comme dans la scène du cimetière ou encore le repère du Pingouin dans les égouts.
Certains tendent même à dire que ce film est l'apogée du tout Burton, et je rejoins cet avis.
Bien évidemment, Danny Elfman est présent et nous donne encore une fois des mélodies somptueuses. Mais une autre musique vient s'ajouter (lors de la scène du bal) et représente tout à fait le duo Batman/Catwoman, c'est "Face to face" de Siouxsie and the Banshees.
Ce film ne comporte pas tant de scènes d'action (contrairement à ce qu'on pourrait s'attendre), les méchants eux-mêmes se montrent avec un soupçon d'humanité :
Le Pingouin, par exemple, ne cherche qu'à savoir qui sont ses parents, à être reconnu.
Shreck, lui, se sacrifie à la place de son fils, lors d'une scène finale.
D'ailleurs, le repère du Pingouin (le zoo) est un mélange entre humanité et animalité : animalité, puisque bien sûr, c'est un zoo, mais humanité parce que ce sont ses "frères" les pingouins qui l'ont recueilli dès son plus jeune âge, ce sont même eux qui l'"inhument".
Le personnage de Selina Kyle pourrait être décrit et analysé plus profondément.
Effectivement, avant sa "transformation", elle incarne LA personne ratée : une pauvre secrétaire complètement paumée, qui parle toute seule, et qui n'a aucune vie privée : on peut notamment citer la scène où elle rentre chez elle : "Chéri j'suis rentrée ! Oh... J'oubliais, j'suis pas mariée", elle nourrit son chat et fait défiler les messages de son répondeur "C'est la fiesta non-stop chez Selina Kyle et son cher répondeur".
Seulement, lorsque son patron la balance du haut de l'immeuble où ils travaillent, celle-ci est ressuscitée par des chats qui s'incarnent en elle. C'est là que tout bascule, elle refait exactement les mêmes gestes et paroles que la scène précédente mais avec un air plus endormi et perdu, dès lors vient la scène qui m'avait choquée la première fois que je l'ai vue (je devais avoir six ans) : elle commence à casser tout son appartement qui ressemblait avant à un décor de femme-enfant : le "Hello There" comme lumière-décoration, ses peluches, ses vêtements roses. Elle se fabrique alors son déguisement tout en vinyle, transformant la pauvre paumée de secrétaire en femme sensuelle aux tendances légèrement sadomasochistes. D'ailleurs, elle a cassé certaines lettres de la lumière et cela forme "Hell here", coïncidence ?
Ses scènes avec Batman sont un mélange de sensualité et de violence, et ses scènes avec Max Shreck (quand elle est Selina Kyle) sont tout aussi violentes, comme celle où il la balance de l'immeuble tout en lui ayant fait croire avant qu'il lui laisserait la vie sauve.
De plus, son déguisement subit ses neuf vies : contrairement à Batman qui peut changer de masque à volonté, Catwoman elle, n'a qu'un seul déguisement et le raccommode peu à peu, selon ce qu'elle peut. Ainsi on peut voir aux premières scènes un déguisement impeccable, et aux dernières scènes un estompement avec des coutures complètement défaites par endroits.
Bruce Wayne lui, malgré son statut de super-héros est un personnage que l'on voit finalement très peu, comparé aux trois autres protagonistes, il reste en retrait : on sait très peu de choses sur sa vie et il semble froid et impénétrable.
Le final quant à lui est grandiose montrant deux face-à-face qui ont perpétué durant tout le film : Batman/Le pingouin et Selina (ou plutôt ici Catwoman)/Max Shreck.
Le Pingouin se fait plus cynique et effrayant que d'habitude, Batman lui reste "tel quel".
Selina, elle, tue son patron avec un baiser mortel (et électrique) assez traumatisant il faut dire.
Ce qu'il faut tirer de ce film : de la noirceur, un univers Burtonien à son paroxysme, une musique Elfmanienne toujours magique (sauvant parfois des scènes assez pathétiques (celle où les pingouins envahissent Gotham City)), des personnages froids, méchants et humains ou encore une Catwoman aux répliques cinglantes et mimiques géniales. Un film totalement hors-norme.