Précédemment dans les rétros Batman… : « La croix est en place, ne manque plus que les clous : une autre suite dans la même veine. »
2 ans après le succès rassurant de Batman Forever, Schumacher et la Warner sont de retour, pour nous jouer un mauvais tour. Malgré les retours plus que mitigés du 3ème opus des aventures de Batman lors de sa période 90’s, les résultats (financiers) parlaient d’eux-mêmes : le public avait adoré Forever, ses nouveaux ingrédients et sa nouvelle approche du héros et de son univers. Un carton financier qui, forcément, signifie carton critique.
Qu’à cela ne tienne, si la formule a fonctionné une première fois, pas de raisons de la modifier donc ! Nous sommes ainsi repartis pour un nouveau et triste tour de manège, les clous tant attendus.
Et quand on dit que la formule n’a pas changé, elle n’a réellement pas changé : présentation des héros dès les premières secondes, première punchline débile pour rassurer les parents fragiles, pis tant qu’à faire, autant reprendre l’une de Batman Forever, « chicks dig the car » (un classique intemporel si vous voulez mon avis), une introduction faite sans efforts des méchants, présentation d’un univers encore plus bordélique mais surtout encore plus cheap que dans le précédent opus, scène d’action qui n’a ni queue ni tête, et hop : comme son prédécesseur, Batman & Robin ainsi que la Warner adressent un nouveau doigt d’honneur au public, aux fans, à ce qu’est Batman ainsi qu’au « diptyque » de Burton (et donc par extension à Burton lui-même).
C’est quasi ironique à ce stade, cette dissension stratégique qui a permis l’existence de ces deux horreurs cinématographiques, the cringe is strong with this one.
Maigre compensation, on troque cette bombe anti-charismatique de Kilmer contre le flegme naturel de George Clooney. Si ça n’était pas pour ses répliques extraordinairement pauvres, je le trouverais presque correct. J’ai de la peine à le voir dans ce film dans tous les cas.
J’espérais avoir un plaisir coupable à revoir Schwarzy cabotiner mais non, c’était plutôt le tournoi du malaise, et il y avait énormément de participants. Entre Robin l’Insupportable toujours aussi mal interprété par Chris O’Donnell, Barbara l’insipide qui n’essaie même pas de sonner british et dont l’actrice, de plus en plus désintéressée du tournage et rencontrant des problèmes perso, peut physiquement changer d’un plan à l’autre, Poison Ivy qui monologue ses plans machiavéliques à coté des policiers (mais on parlera plot plus bas), jouée par une Uma Thurman qui ne sait clairement pas quoi faire, Bane la Cacahuète Grillée et la galerie d’extras toujours aussi pitoyables (on retrouve même la journaliste du précédent opus what the f*ck)… on en a pour notre argent.
L’histoire est, une fois encore, un ramassis mal fichu de fils scénaristiques sans grande cohérence, gravitant certes autour des deux méchants et leurs objectifs à bien définis, mais dans un chaos total, se permettant de gigantesques sorties de routes pour nous proposer des passages mémorables tels qu’une course en moto dans les ruelles de Gotham sur une musique techno de fête foraine qui n’a aucun sens et se termine de la pire des façons : sans conclusion. Des riders inconnus s’en prennent à Barbara au point d’essayer de la tuer, elle etRobin finissent suspendus à 300m du sol et… rien. Punchline débile et scène suivante.
Le film est toujours aussi persuadé d’être fou alors qu’il est juste mortellement insupportable. Tout est horripilant dans ce film. Les dialogues, la gestion des tons, les méchants, les protagonistes, la musique, le rythme, le montage, les costumes, les effets spéciaux, le scénario…
On ne va pas trop traîner, j’ai suffisamment parlé des problèmes du précédent film et vu qu’ici on retrouve absolument les mêmes défauts, entre les quelques paragraphes du dessus et ce qu’on a retenu, on a un bon résumé du boudin. Ça reste également une tentative incroyablement maladroite et loupée de réplication du kitch de Batman 66.
Logiquement, le film s’attire les mêmes foudres critiques que le précédent mais curieusement, n’obtient pas les mêmes faveurs au box-office.
À croire que le public ne sait pas ce qu’il veut, ou que le studio se mentait sur le succès du précédent, plus du au matraquage marketing abrutissant qu’au plaisir qu’a eu le grand public de découvrir cette nouvelle approche de Batman.
La Warner avait bel et bien amoché la licence avec le 3ème opus, et l’achève donc avec Batman & Robin.
En résulte l’abandon d’une suite et la cryogénisation de la franchise jusqu’à la décennie suivante.
À tantôt Bruce Wayne, c’était pas plus mal.