Après un " Man of Steel " sujet à controverse, " Batman V Superman " a la dure tâche d’assurer son service après-vente mais surtout d’être la base de tout un groupement de films interdépendants qui devraient imposer Warner/DC comme une association artistiquement et financièrement viable. Et pour être tout à fait honnête, même s’il est parsemé de maladresses et qu’il a les défauts typiques de son réalisateur, le film est réussi...
Tout commence une nouvelle fois avec les origines de Batman. Meurtre, chauve-souris, vengeance, les fresques de Tim Burton et de Christopher Nolan sont déjà passées par là. Une surprise dans ce déroulé maintes fois raconté : Ben Affleck. Raillé par les nerds depuis Daredevil et son incarnation malheureuse de Matt Murdock, le réalisateur d'Argo est certainement le Bruce Wayne avec le plus de corps. Face à un Henry Cavill parfaitement enveloppé dans son costume de Superman, l'acteur propose une lecture grave, vieillissante et colérique de Batman qui, sans effacer le Dark Knight de Nolan, parvient à exister d’elle-même. Ce Dark Knight là propose au moins une singularité inespérée dans un film qui tourne à vide pendant plus de la moitié de sa durée...
C’est le problème quand on orchestre un affrontement, physique et idéologique, aussi énorme que celui de Batman avec Superman, ou que le grand vilain de l’histoire veut en fait neutraliser un dieu pour le devenir à sa place : on n’en rajoute vraisemblablement jamais assez. Et quand le combat final se déclenche, il faut bien être à la hauteur de ce teasing suprême, alors, la routine, tout explose, tout est en flamme, détruit et c’est un bordel visuel tel qu’on ne comprend plus grand-chose. Oui mais, ce gros final sous forme de CGI-porn met aussi en scène trois super-héros méchamment iconiques. Parce que oui, BVS est un supermovie qui finit par peiner à canaliser son spectacle, mais c’est surtout sacrément cool. Zack Snyder est peut-être l’un des réalisateurs qui maîtrise le mieux le pouvoir de l’image au cinéma. Il n'y a qu'a voir l'apparition de Wonder Woman joué par Gal Gadot. Elle est crédible, robuste, charismatique, incroyablement et entièrement cinématographique. La super-héroïne se paie en quelques secondes l'un des meilleurs plans du film...
L’affrontement Batman/Superman est donc spectaculaire et son dénouement, que d’aucuns pourront trouver " mignon " parce qu’il renvoie nos super-héros à leur condition d’enfant, est bouleversant. La plus belle réussite de Snyder est de faire cohabiter deux symboles à l’opposé du spectre : celui qui sauve des vies et celui qui pince des criminels, celui qui s’élève au-dessus de Terre et celui qui hante ses bas-fonds, celui qui sidère et celui qu’on craint, dans un entre deux mondes crédible et cohérent. Il y a un premier degré dans BVS qui force l’admiration et qui oblige le spectateur à y croire. Contrairement aux films Marvel qui vont chercher le grand public, DC a fait le choix difficile et louable d’un cinéma plus tortueux....
Mais malgré cela, on ne ressort pas de la séance avec des étoiles plein les yeux mais avec une seule envie : que la Justice League arrive au plus vite. Et tout ça, c'est à cause de ce fameux combat final qui est tout simplement à couper le souffle et on est forcé d’imaginer ce que ça donnera avec les autres héros, qui ont d’ailleurs droit à un teasing très sympathique dans le film. Pour le coup, L’aube de la Justice n'a jamais aussi bien porté son nom !!!
Mise à jour : Version longue...
Batman v Superman n'avait pas vraiment fait l'unanimité auprès de la critique au moment de sa sortie en mars. Le scénario a été pointé du doigt à de nombreuses reprises. Avec la version "ultime" du DVD, qui vient de sortir aux États-Unis, ces critiques se sont atténuées. Outres une atmosphère plus sombre et plus violente qu'elle ne l'était déjà, cette version, qui rajoute tout de même 30 minutes au film original, renforce l'intrigue d'une manière intelligente. Elle donne plus d'informations sur des points cruciaux du scénario et donne plus d'épaisseur à certains personnages !!!