Inspiré de faits réels, Battle of the Sexes est un biopic dramatico-comique réalisé par Jonathan Dayton et Valerie Faris, à qui l’on doit les touchants Little Miss Sunshine et Elle s’appelle Ruby. Si, une fois n’est pas coutume, cette nouvelle réalisation ne repose pas sur une création complètement originale, le duo parvient toutefois à conférer un véritable charme au long-métrage, exploitant par exemple avec brio le superbe contexte historique de l’histoire.
Non seulement la reconstitution du début des années 70 est à tomber par terre d’un point de vue purement graphique (décors, costumes, musiques…), mais l’état d’esprit de l’époque est également parfaitement retranscrit, notamment par la force des dialogues. Une époque nécrosée par des comportements sexistes si profondément ancrés dans la société qu’ils paraissent presque naturels et inoffensifs, tant pour les hommes eux-mêmes que pour certaines femmes. Et c’est là l’une des grandes forces du film puisque cette dimension conditionne toute la réflexion. Plus que le contexte, c’est néanmoins surtout le propos qui séduit ici, parvenant notamment à traiter du féminisme de manière relativement nuancée. Un féminisme qui ne se manifeste pas uniquement dans la sphère tennistique ou économique, comme on aurait pu le penser au départ, mais qui s’exprime aussi subtilement dans la sphère sociale. En cela, le film se révèle particulièrement captivant car il déplace intelligemment le combat de l’héroïne en dehors du court, amorçant un virage décisif dans le changement des mentalités. Certes, l’actualité du moment nous rappelle que beaucoup de progrès restent encore à faire, mais ce type d’événement nous montre aussi que rien n’est totalement immuable.
Par la trajectoire amoureuses singulière du personnage, le long-métrage aborde aussi une autre forme de discrimination – en l’occurrence celle liée à la sexualité – qui renforce efficacement ses messages de tolérance et d’égalité. A ce titre, la relation qu’entretient la championne de tennis avec sa coiffeuse apparaît comme la vraie belle surprise du récit. Il faut dire qu’Emma Stone et Andrea Riseborough affichent à l’écran une alchimie palpable, qui transcende véritablement les sentiments. En pleine ascension depuis maintenant quelques années, l’actrice américaine confirme d’ailleurs avec ce rôle son talent incroyable pour mélanger les genres, se montrant aussi à l’aise dans le drame que la comédie. A ses côtés, Steve Carell est lui aussi brillant dans la peau de Bobby Riggs, réussissant à rendre sympathique un individu qui avait tout pour n’être que détestable. Deux interprétations sublimées par une mise en scène organique, au plus près des protagonistes. Malgré toutes ses qualités, le film manque toutefois un peu de nervosité et de rage pour vraiment marquer les esprits, se limitant (trop) souvent à une reconstitution convenue des événements. En outre, le récit n’échappe pas non plus à quelques baisses de rythme.
Emmené par un duo d’acteurs remarquable d’authenticité, Battle of the Sexes est donc un biopic touchant et fidèle sur Billie Jean King, grande figure féminine – et féministe – du tennis américain. En s’appuyant sur le contexte particulier de son affrontement avec Bobby Riggs, le film pose brillamment la question de l’égalité des sexes. Passionnant !
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