Baxter est un bull-terrier qui pense, où on entend ses pensées par la voix off de Maxime Leroux, qui va connaitre plusieurs maitres, et ainsi connaitre une existence placée sous le signe de la médiocrité humaine.
Premier film de Jérôme Boivin, coécrit par Jacques Audiard, le film est un prisme de l'humanité vu par un chien, et il faut dire que ça n'est pas forcément joli-joli. Au départ, il est recueilli par une personne âgée qui veut le garder près d'elle, puis il va être adopté par un jeune couple habitant en face qui vont l'adorer jusqu'à ce que la femme tombe enceinte, et donc leur attention n'est plus focalisée sur le toutou. Et enfin, une autre famille va s'en occuper, et en particulier un petit garçon non seulement admirateur d'Hitler, mais qui cache une grande violence en lui.
Je n'ai pas un amour des chiens (je suis plutôt #teamchat), mais le film m'a beaucoup intéressé de par son étrangeté, faire parler ce chien par la voix éraillée de Maxime Leroux, qui semble comme déprimé par ce qu'il voit des humains, et aussi par le climat lourd et pesant qui règne. C'est filmé en Belgique, avec un temps toujours maussade, et ça aide au sentiment d'étrangeté qui règne dans Baxter. D'ailleurs, on a souvent des plans en vue subjective du chien, pour montrer par sa vision à quel point tout le monde y est étrange. Il n'y a guère qu'avec le couple qu'il aura quelques instants de chaleur, mais ça retombe toujours dans les travers.
De plus, le choix d'un bull-terrier pour ce chien est judicieux, avec ses yeux tout noirs et son absence de pelage qui le rend à la limite effrayant. Ce qui fait que ce premier essai de Jérôme Boivin est une belle réussite, qui ne fera pas plaisir aux amis des toutous, mais dont l'étrangeté a quelque chose d'unique dans le cinéma français.