C'est que l'on n'en attendait finalement pas grand chose, de ce Beast.
Parce qu'il illustre un genre en désuétude au cinéma, qui n'avait plus compté de mémoire récente, comme hauts faits d'armes, que Crawl, ou encore Le Territoire des Loups.
Parce que c'était aussi Baltasar Kormakur aux commandes de l'entreprise, ensuite. Pas sûr que l'on puisse citer même l'un de ses films, à celui-là, avec son nom à coucher dehors.
Mais aussi, et peut être surtout, à cause de son fauve animé par le tout numérique, parce que dès que l'on parle de CGI aujourd'hui, cela ne peut être que foiré, convoquant à l'envi, encore une fois, le vilain empire du Marvel Cinematic Universe comme pièce à conviction. C'est que sur cet aspect, tout cela commence à sérieusement tourner en rond, si vous voulez mon avis.
Sauf qu'à la fin de la projection, Beast laisse de manière étonnante un bon souvenir. Mais c'était quand même oublier qu'en matière de survival, Baltasar Kormakur n'en était pas à son coup d'essai, puisqu'en 2015, par exemple, il signait le très honnête Everest, puis le plus terne A la Dérive en 2018.
Et puis, il faut reconnaître que Baltasar, en bon artisan qu'il est, ne s'en laisse pas compter, même s'il n'atteindra jamais la perfection mélancolique de Joe Carnahan, ou le fun viandard du ride proposé par Alexandre Aja.
Car mine de rien, le réalisateur islandais (c'était pour ça, le nom à coucher dehors, alors!) démontre son savoir faire et son envie de spectacle. Il parvient en effet à dépasser les carcans et les images d'Epinal du genre pour mettre en avant un certain sens du suspens bienvenu, dont tout le relief réside sans doute dans quelques puissants plans séquences derrière ses personnages principaux, permettant une immersion progressive dans toute l'horreur d'une situation a priori inextricable.
Une situation qui permet de tisser un parallèle intéressant entre le père de famille éploré et un mâle alpha en quête de vengeance, tout comme un léger message écologique qui ne manque pas de mordant et exalté grâce à la beauté des grands espaces visités. Quant au lion mis en scène, celui-ci s'avère criant de réalisme, tant dans ses attitudes que dans ses interactions, n'écoutez donc pas les esprits radoteurs, et impressionnant dans ses attaques, suscitant quelques bonnes montées d'adrénaline au spectateur.
Le seul coup de moins bien du film, outre son archi classicisme, est le fait que si Baltasar Komakur ne détourne pas le regard de sa caméra du sang, des blessures et des cadavres, l'action en elle-même est plus souvent laissée hors-champ, comme s'il ne fallait pas froisser les ligues écologiques qui trouveront très sûrement à redire, de toute façon, sur le comportement du grand fauve.
Mais malgré ce défaut, Beast se montre suffisamment tendu et hargneux pour convaincre, le temps d'une heure trente d'une efficace série B d'attaque animalière que l'on n'attendait pas à pareille fête.
Behind_the_Mask, Iron Lion Zion.