Une guerre comme il y en a eu et il y en aura tant d'autres, inhumaine, floue, instable. Ni datée ni vraiment localisée, tant elle est malheureusement déjà vue. Et face à elle, en réponse fatale, la beauté terrassante d'Agu, jeune garçon au sourire dévastateur qui tente de grandir, de se construire dans un monde en déliquescence.
Il y a dans cette guerre que capte Fukunaga quelque chose de tragique et précieux, un équilibre fragile entre deux extrêmes, le premier retenant le basculement dans l'autre ; l'innocence candide d'une enfance précipitée et trop vite abrégée et l'immonde horreur des adultes où terreur et injustice sont lois.
Et par-delà ce conflit comme une transe chamanique aveugle et poussée par les opiacés, il y a cette sensation de distance, de flottement, qui rend le film aussi beau que terrassant. Alors que "les balles dévorent tout", l'image léchée et enrobée par la musique superbe de Dan Romer relève, là où il est encore possible de la trouver, la beauté, face à l'animalité.
De ce film tout en contraste on ressort secoué, inquiet face au spectacle d'une humanité qui s'animalise.