Mon avis sur Beau is Afraid :
Je ne sais pas quoi penser de ce 3e film du réalisateur. Après avoir adoré Hérédité et vénéré Midsommar, j’attendais avec impatience celui-ci. Film extrêmement riche, dense, qui réussit l’exploit d’être hilarant et terrifiant. On suit quatre grands chapitres qui vont tous suivre ce fil : la toxicité d’une mère juive (ce détail est plus important qu’on ne le pense). Je n’aimerais pas être la mère d’Ari Aster devant ce film, tant on sent un discours personnel. La première partie est magistrale, la deuxième et la troisième se tiennent et ont de grandes qualités (mention spéciale pour notre français Dénis Menochet). Mais j’avoue être dubitative quant à la quatrième partie qui est trop longue et nettement plus abstraite (alors que ce qui précède l’est déjà). Le film fait un yoyo constant entre le premier degré et l’abstrait. Je dirais même qu’à force d’être premier degré, il en devient abstrait. Ainsi, je n’ai pas compris le regard du réalisateur sur la figure paternelle, tandis que la charge contre la mère est énorme, et Aster n’a aucune compassion pour ce personnage féminin. Ni pour aucune autre femme (à part une !), ce qui m’interroge même sur la misogynie du discours (mais là je pense que j’abuse, je suis juste aux aguets sur ces questions).
Malgré ce scénario un peu fouillis, je réalise que j’aime ce film. Certainement parce qu’il a d’autres qualités nombreuses. Le jeu d’acteur est exceptionnel, Joaquin Phœnix y est incroyable, il tient une cadence exigeante et jamais il ne s’éloigne de son personnage. Les plans sont ultra maîtrisés, des raccords sont inattendus mais parfaits, la colorimétrie toujours significative. Dans la troisième partie, il y a une longue séquence (~20/30 minutes) assez métacinéma, et la structure narrative y est absolument fascinante, complexe, mais maintenue.
Pour toutes ces raisons, je ne peux que vous encourager à voir ce film, il ne peut laisser indifférent.
PS : j’abuse peut être, mais je mets ma main à couper qu’Ari Aster a aimé la série American Horror Story (que j’adore) car j’y vois des liens.