Après deux long-métrages horrifiques barrés mais restant relativement dans des codes de l'evated horror qui nous sont aujourd'hui familier (mais qui étaient très surprenants il y a encor quelques années, notamment "Midsommar"), Ari Aster revient avec un film empruntant moins aux codes de l'horreur mais plus aux codes du WTF ! Effectivement, il est très difficile de qualifier distinctement ce film tant il emprunte à plusieurs genres différents, et notamment l'humour très grinçant et très noir, l'horreur et divers de ses sous-genres, le thriller, le pur film d’auteur etc. Pourtant le pitch est simple, nous suivons les aventures de Beau qui essaye désespéramment de rejoindre sa mère, mais l'histoire est quant à elle bien plus complexe ! Tout d'abord, il faut savoir que le film est construit en quatre actes bien distincts, tellement différents les uns des autres que l’on dirait presque un regroupement de quatre segments réunis dans un seul film, dont seul le personnage principal semblerait en être le fil rouge. Et plusieurs de ces segments sont d’ailleurs inspirés des courts métrages du réalisateur. Et ils sont tous inégaux ! Le premier est totalement maitrisé, à la fois en termes de scénario que de mise en scène car il nous met directement dans une ambiance malsaine comme le réalisateur sait si bien le faire mais est également très angoissant ; le réalisateur parvient en effet à nous mettre constamment mal à l'aise dans ce monde qui est proche de notre réalité mais qui a ce petit truc malsain en plus, ce grain de sable qui change tout. Le second est tout aussi maitrisé mais dans un genre complètement différent, qui emprunte cette fois un peu plus à l'humour mais qui reste tout aussi dérangeant. Les personnages de cette seconde partie sont d'ailleurs particulièrement bien écrits. C'est pour ça que ça m'embête de mettre une note aussi "basse" à un film dont la première partie est aussi réussie et vaut le coup d’œil à elle seule. Mais c'est dans sa seconde partie que le film m'a complètement perdu, et notamment dans son quatrième segment que je trouve foutraque à souhait. Le troisième est quant à lui visuellement très intéressant mais traine un peu en longueur. On sent bien que le réalisateur veut brouiller la frontière entre la réalité et la perception qu'à Beau de la réalité (entre autres) ; le spectateur ne sachant au final plus trop où se placer mais la fin part beaucoup trop loin dans un délire qui m'a personnellement complètement perdu. On se demande même au bout d'un moment où le réalisateur veut nous emmener derrière cette montagne de symboliques qui ne riment au final plus à rien. Concernant les acteurs, nous retiendrons principalement Joaquin Phoenix qui joue très bien ce type qui subit constamment (qui subit autant l'amour que la haine d'ailleurs) mais également Amy Ryan et Nathan Lane qui sont tout simplement excellents ! "Beau Is Afraid" est donc un film brillant dans sa première partie et puis qui s'égare petit-à-petit dans des délires qui partent de plus en plus loin, rendant le tout un peu lassant, surtout sur une durée de trois heures.