J'avais hâte de visionner ce film qui à beaucoup divisé, afin de me faire mon propre avis
Et je comprend rapidement le côté clivant de ce film: désarticulé, décousu, on à vite fait de se perdre dans ce monde parfois si réaliste, et parfois volontairement farfelu que nous propose Ari Aster.
La première partie est à mon sens la plus saisissante, dans un monde quasi apocalyptique qui est le premier à effrayer Beau (Joaquin Phoenix). Le malaise est palpable, tout est fait pour qu'on se sente aussi oppressé que Beau et ça marche. On passe ensuite de scènes en scènes, ou la limite entre réalité et psychose est à chaque fois plus complexe. Cette aventure n'est pas sans rappeler celle de Big Fish, et encore plus lors de la scène de théâtre, qui est en plus un exemple de mise en scène innovante.
Du début à la fin, difficile de trouver des repères, combien de jours, combien de km séparent Beau de son but? C'est pour une fois 3h qui me semblent justifiées, la ou bon nombre de film prolongent artificiellement leur narration, afin de se rendre compte de cette fuite perpétuelle que subit/provoque Beau. Elle est finalement la la question essentielle du film: entre sa mère diabolique (jouée par Patti LuPone) et Beau, qui est le coupable, qui est la victime. Une question qui subsiste même après le visionnage...
Comme bémol je retiendrais ce final un peu long (en dehors de la toute dernière scène), avec quelques moments qui interrogent un peu sur leur utilité (la scène de sexe avec Parker Posey par exemple, ou le penis géant dans le grenier).
Au final c'est un visionnage totalement déconcertant, certes clivant mais dont la mise en scène reste quasi parfaite, et qui vous fera voyager si tant est qu'on se laisse porter. La performance de l'acteur principal est aussi à souligner, même si bon, Joaquin Phoenix au bord du gouffre n'est pas vraiment une prise de risque.