Avec "Beau-père", Bertrand Blier revient à des personnages plus modérés et moins provocateurs. Le dépouillement et l'esthétisme de la mise en scène font ressentir toute la douleur qui accable les personnages, et en particulier celui de Patrick Dewaere, homme à la dérive en quête de chaleur. La sobriété des dialogues et l'interprétation contenue de Dewaere permettent à Blier d'aborder un sujet délicat (la liaison quasi incestueuse entre une adolescente et son beau-père) sans vulgarité ni complaisance (malgré l'histoire de l'affiche originelle à la sortie du film...)
Paradoxalement, c'est aussi cette retenue, cette affectation dans la mise en scène qui entrainent le récit dans une certaine monotonie. Sans doute manque-t-il au film des situations véritablement inattendues, en tout cas moins conforme à son esprit car, de Bertrand Blier, on s'attend précisément à moins de convenances. L'étude psychologique, portant notamment sur le sentiment de culpabilité de Rémi ou, plus encore, sur l'attitude de la jeune fille, semble parfois trop sommaire et excessivement diluée dans la mise en scène, lente, de Blier. On notera enfin quelques rares traits d'ironie ou insolences, propres au style de l'auteur, mais qui n'influent pas sur le ton général de son film.