Je préviens tout de suite : n'ayant pas vu les adaptation shakespeariennes de Kenneth Branagh (mais j'ai bien aimé son Thor), n'étant pas un spécialiste de "ce que doit être Shakespeare" et étant un fan de Joss Whedon, cette critique aura l'objectivité que vous lui accorderez.
Cette adaptation n'est donc pour moi qu'un film de Joss Whedon dont je salue l'audace d'avoir tenter de faire 3 films en 1.
Beaucoup De Bruit Pour Rien est donc un film "détente" (comme le Lost In Translation de Sofia Coppola) d'un jeune réalisateur hollywoodien (Whedon n'a que 3 films à son actif), réalisé en peu de temps, avec peu de budget et avec des copains.
Mais c'est aussi une adaptation de Shakespeare et un film d'auteur (dans le sens où il n'y avait pas de pression de production ou de distribution liées au marché).
L'adaptation est minimal, le texte est déclamé tel qu'écrit originalement sur un contexte contemporain. Cela créer un décalage loufoque assez perturbant pendant le premier quart d'heure (ensuite on s'habitue) et renforce la joie et la bonne humeur qui se dégage du texte. Décalage loufoque encore accentué par le lieu du film, la maison de Whedon, je pense notamment à la scène où Claudio annonce qu'il aime Héro au Prince et a Bénédicte qui se déroule dans une chambre avec des lits couvert de peluches.
La réalisation en elle-même est un peu lascive, on sent que certains plans sont vraiment des envies du moment, certains raccords sont un peu baclé. Elle est en cela le reflet de la réalité du tournage du film : des potes qui font un film ensemble. Rien de plus rien de moins (le noir et blanc est a ce titre plus là en tant que cache-misère que pour faire genre film d'auteur).
Étrangement j'ai trouvé que c'était un vrai film d'ambiance, mais qui dégageait une ambiance unique : celle de la joie d'être ensemble. Les acteurs, dont le jeu est volontairement laissé en roue libre, incarnent directement l'expression de ce sentiment (à la limite du ridicule parfois, mais aussi dans les moments tristes de l'intrigue).
La dimension "d'auteur" du film est bien entendu d'assumer tous ces partie-pris et d'arriver à les combiné de manière pas trop indigeste. Et c'est là, je crois, que Joss Whedon à déçu tout le monde, enfin tout ceux qui s'attendait à voir autre chose qu'un film de Joss Whedon.
Car finalement c'est une comédie hollywoodienne ce film, dans le même genre qu'une comédie de Mel Brooks, mais il combine habilement une forme moderne et un texte ancien dans un carcan cinématographique qui manque pas mal de nouveauté depuis quelques années : celui de la comédie. Et ça c'est déjà pas mal.