Il fallait bien Fabrice Luchini pour interpréter l'homme d'esprit que fut Beaumarchais. Qui mieux que lui pouvait incarner les impertinences et l'ironie de l'auteur du "Barbier de Séville" et du "Mariage de Figaro"? Dramaturge, Beaumarchais ne le fut pas seulement, et les auteurs (Molinaro et Jean-Claude Brisville avaient déjà collaboré pour "Le souper") présentent les multiples facettes d'un homme livré à l'admiration du peuple et aux effarouchements de la monarchie. Espion à ses heures, séducteur toujours, précurseur de l'esprit révolutionnaire, Beaumarchais ne laisse pas indifférent. Sauf dans le film de Molinaro.
Spirituel au début, le film m'a entrainé dans la somnolence, jusqu'à une totale léthargie. Comme si le réalisateur ne s'était finalement préoccupé que de la reconstitution fastueuse de l'Ancien Régime. Avec minutie et brio, certes, mais les qualités formelles du film ne conditionnent pas un portrait vraiment significatif. A trop illustrer la polyvalence de Beaumarchais, Molinaro ne donne qu'un reflet très superficiel de l'homme public comme de l'auteur et ignore quasiment l'homme privé. Dès lors, les petites histoires de l'histoire de Beaumarchais sont sans relief et franchement vaines.