Film audacieux et bouleversant

Entrant dans la salle Dubessy du Festival de Cannes, je ne m'attendais sûrement pas à vivre une telle expérience. Perturbant, angoissant, gênant : ce film bouleverse.

D'entrée de jeu on se trouve dans les yeux du prédateur François. Il vient de rencontrer le fils d'un vieil ami, Christian. Alors que François mène une vie tranquille avec sa femme et ses deux filles en Afrique du sud, cette rencontre met en évidence son homosexualité refoulée. Dès lors, l'existence de cette homme semble régit par les faits et gestes de Christian. Il le suit partout.

Olivier Hermanus parvient dans son film à rendre le spectateur témoin et complice des agissements de François (alors que ceux-ci sont loin d'être cautionnés par l'assemblée). Il y parvient grâce à une habile utilisation de la caméra. En effet, dans ce film, les yeux de François et la caméra ne font qu'un. Il n'y a qu'à voir la scène de la plage, François observe Christian de loin. Le spectateur n'a pas le choix, il est complice du "voyeur". Ainsi, on se place automatiquement du côté de François, c'est le seul personnage sur lequel on peut se reposer tout au long du film.

En quoi ce film est donc bouleversant me direz-vous ? François est un homo refoulé qui, éprit d'une passion dévorante, devient violent. Cette violence est très présente dans le film. A l'image elle se fait par de brusques changements de décors et d'environnements : On passe de quatre hommes dans une cuisine (bière à la main), à une chambre dans laquelle ses quatre hommes sont en pleins ébats. Je peux vous assurer que près de 90% de la salle à détourné son regard, le réalisateur ne s'est en effet pas contenté d'érotisme. Et là encore, Hermanus ne nous laisse pas le choix.

La violence à la fin du film est telle que certaines personnes sortaient de la salle ne pouvant supporter de telles images. Sans le dénouement, j'aurais sûrement haï ce film car il n'y avait rien de bon, et semblait plutôt dé-servir la communauté homosexuelle en la qualifiant de violente et sans cœur (le film étant dénué d'amour). Néanmoins la fin montre François observant un couple gay attablé, discutant. Ce long plan séquence est une sorte d'appel à assumer son homosexualité, et a ne pas la refouler comme François car celle-ci amène a une certaine violence (physique ou intérieur). Le dernier plan du film, un parking en spirale montre bien l'état d'esprit de François qui, refoulant son homosexualité "tourne en rond".

A voir.

Rosebud
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le 15 juil. 2011

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