Voici la rencontre de deux univers, celui de Becassine et celui de Bruno Podalydès. Podalydès fait parti de cette poignée de cinéastes français qui font des choses inspirées et légères dans l'humour, il était dès lors intéressant de voir comment il allait pouvoir s'approprier l'univers d'un autre. Ce qui pouvait laisser un petit espoir dans ce flot médiocre d'adaptations de BD prend immédiatement un mauvais départ. Les deux univers ne font pas vraiment bon ménage, ils donnent un film bancale. La bande annonce avait pourtant des instants amusants, mais ces mêmes instants dans le film n'amusent pas. D'ailleurs certains trucs présents dans la bande annonce ne sont pas dans le film, le gag idem par exemple n'est pas le même. Le film de Podalydès possède un gros problème de rythme qui est certainement dû en grande part au montage, car si les choses marchent dans une bande annonce et pas dans le film c'est qu'elles sont mal amenées.
On retrouve pourtant bien l'esprit présent dans les autres films de Podalydès, il place toujours sa fameuse glaviole sur laquelle les personnages trébuchent d'un film à l'aute. Il joue encore avec l’absurde, comme avec cet oncle qui passe son temps à se camoufler dans la foret, mais ça n'amuse pas. On retrouve aussi la glande au travail et sa bande d'acteurs est toujours là pour apporter le ton poétique et drôle qui est la signature de Podalydès. Mais il semble que le réalisateur ait vraiment du mal à choisir entre ce qu'il fait habituellement et l'esprit de Becassine. Il lance des choses qu'il ne termine pas, ce qui pourrait être amusant ne fonctionne pas car il le fait un ton au dessous de ce qu'il fait dans ses films, dès qu'une petite idée humoristique arrive elle est aussi tôt arrêtée. Il reprend les choses parfois plus tard dans le film, mais ça n'est pas plus efficace. Becassine se trouve donc à avoir le cul entre deux chaises. Podalydès ne tranche jamais entre son style et celui de Becassine.
Becassine est naïve et est loin d’être idiote comme certains bretons l'ont dit avant la sortie du film, elle invente tout un tas de trucs utiles pour la vie de tous les jours. Quand au marionnettiste interprété par Bruno Podalydès, il est vraiment mal imbriqué à l'histoire, ses actions déclenchent des choses mais celles ci sont apportées avec bien trop peu de minutie. La bonne interprétée par Josiane Balasko qui est une femme bourrue n'amuse pas plus que le reste, elle est insignifiante. Et puis il y a ce bébé qui n'est pas le même d'un plan à l'autre et cette route goudronnée qui fait un beau anachronisme vue l'époque à laquelle le film est censé se passer. Becassine est un Podalydès moyen voir carrément moyen, on ne peut que regretter que le réalisateur ne se soit pas complètement laissé allez et totalement approprié ce personnage.