Deuxième long-métrage de l'un des plus grands maîtres du fantastique à savoir Tim Burton, Beetlejuice est aussi le premier où le réalisateur décide de s'investir dans le style gothique qu'on lui connait et qui fera grandement son succès. Délaissant donc l'univers pétillant et coloré de Pee-Wee Big Adventure, Burton nous livre un film sombre mais tout aussi décalé, où la mort et le surnaturel sont au centre du long-métrage.
Pour se faire, il s'entoure d'un casting survolté avec en premier lieu, dans le rôle-titre, un Michael Keaton méconnaissable en mort-vivant hystérique amateur de jolies filles et de cafards croustillants, pouvant changer de formes comme de chaussettes. Il est accompagné de la toute jeune Wynona Ryder qui continue de faire ses premiers pas sur grand écran avec brio tandis que les confirmés Catherine O'Hara et Jeffrey Jones campent des parents excentriques absolument hilarants. Geena Davis et Alec Baldwin interprètent quant à eux un couple décédé faisant des pieds et des mains pour terrifier les nouveaux occupants de leur demeure bien-aimée, se faisant parfois aidé par la géniale Sylvia Sidney, leur conseillère d'outre-tombe.
Unique réel regret au niveau du casting : Michael Keaton, finalement relayé au second plan malgré son rôle primordial dans l'histoire. Mis à part cette semi-déception, le film est d'une beauté artistique sans pareil, Burton ne se privant pas d'intégrer à son long-métrage de multiples effets spéciaux réussis alliant trucages et animation en stop-motion comme le fameux serpent des sables ou encore Betelgeuse se transformant en serpent géant pour terroriser la famille Deetz. Agrémentée de décors époustouflants (dont une renversante pièce carrelée en trompe-l'œil) et de l'inoubliable musique de Danny Elfman (qui sera par ailleurs reprise dans le dessin animé éponyme du début des années 90), la mise en scène reste bigrement soignée et ce, malgré les années qui passent.
Avec des scènes cultissimes comme la fameuse danse improvisée par la famille Deetz sur fond de "Day-O" de Harry Belafonte (incroyable prestation de Catherine O'Hara), la séquence de spiritisme et tout ce qui s'en suivra ou encore tout simplement chaque apparition déjantée de Betelgeuse (oui son nom s'inscrit réellement comme ceci), autant porté sur la chose que sur des délires purement burlesques, Beetlejuice a certes quelque peu vieilli mais son humour noir et son ambiance gothico-délurée restent inébranlables. Un excellent Tim Burton à voir d'urgence donc.