𝐵𝑒𝑒𝑡𝑙𝑒𝑗𝑢𝑖𝑐𝑒 de Tim Burton est un film qui s'illustre par sa constance et sa créativité, dès ses premières minutes jusqu'à sa conclusion excentrique. Dès le début, on est plongé dans une atmosphère à la fois légère et étrangement morbide. Alec Baldwin et Geena Davis incarnent un jeune couple qui, malgré leur sort funeste, gardent une innocence touchante et presque naïve. Leur transition dans l'au-delà est traitée avec une sorte de légèreté macabre qui donne le ton du film. Cette approche unique ne faiblit jamais, et Burton réussit à maintenir un équilibre entre l'humour noir et le côté plus attendrissant de l'histoire, créant ainsi une ambiance à la fois ludique et inquiétante.
Ce qui rend 𝐵𝑒𝑒𝑡𝑙𝑒𝑗𝑢𝑖𝑐𝑒 si mémorable, c'est son esthétique visuelle singulière, une sorte de carnaval gothique où chaque élément, des décors aux costumes, semble être conçu pour surprendre et enchanter. Les décors surréalistes et tordus conçus par Bo Welch sont absolument fascinants et renforcent cette idée d’un monde où les lois de la physique et de la normalité sont sans cesse remises en question. L’univers des morts, avec ses règles farfelues et son esthétique grotesque, est un véritable terrain de jeu pour Burton, qui exploite chaque scène pour maximiser l'effet visuel. Les effets spéciaux, qui pourraient sembler datés dans d'autres films de cette époque, demeurent toujours aussi impressionnants et ajoutent une touche artisanale qui participe au charme de l’œuvre.
Le casting, dominé par Michael Keaton en tant que Betelgeuse, est également à la hauteur de la folie ambiante. Keaton est déchaîné, mais dans le bon sens du terme, apportant une énergie débridée qui ne fait qu’ajouter à l’anarchie savoureuse de l’intrigue. Son personnage imprévisible s'intègre parfaitement dans cet univers farfelu, sans jamais éclipser les autres protagonistes, qui, chacun à leur manière, enrichissent le film. 𝐵𝑒𝑒𝑡𝑙𝑒𝑗𝑢𝑖𝑐𝑒 est donc un film macabrement naïf, porté par une vision artistique singulière avec des performances d’acteurs mémorables.