Il y a dans "Beetlejuice" au moins une scène fantastique, qui rend indispensable ce gentil petit film d'un Burton alors quasi-débutant : lots d'un dîner très "tendance", les invités new-yorkais très collets montés sont soudains possédés par les fantômes novices, et se mettent à exécuter un calypso déjanté autour de la table en roulant des yeux affolés... Parfaitement hilarante, cette scène démontre clairement l'ambitieux projet de Burton, qui n'est qu'à demi-réussi dans la plupart des autres scènes du film : injecter sa poésie assez surréaliste dans les vieux ressorts rouillés du film grand public hollywoodien pour créer un nouveau type de cinéma, à la fois monstrueux et populaire. "Beetlejuice" est quand même un film irritant de démesure, la verve "poético-burlesque" de Tim Burton se déchaînant sans répit et sans grande préoccupation de la cohérence de l'histoire ou de l'intérêt dramatique, comme s'il avait voulu à l'époque tout mettre dans un seul film, mais également d'hystérie : les critiques s'extasièrent à la sortie du film de manière exagérée sur Michael Keaton, que je trouve quant à moi plutôt fastidieux ! [Critique écrite en 2005]