Alors qu’ils vivent heureux dans leur villa du Connecticut, Adam et Barbara Maitland (Alec Baldwin et Geena Davis) meurent dans un accident de voiture. Ils deviennent alors des fantômes et apprennent avec horreur qu’ils vont devoir hanter leur maison pendant 125 ans… Les deux époux décident alors de tout mettre en œuvre pour chasser les occupants de leur maison, mais constatant leur incapacité à faire peur à ces derniers, ils se tournent vers un spécialiste de l’effroi : le démon Beetlejuice (Michael Keaton)…
Deuxième film seulement de Tim Burton, Beetlejuice contient déjà toutes les caractéristiques de son cinéma. On y retrouve en effet son sens du macabre très poussé à travers l’idée géniale sur laquelle s’appuie le film : nous raconter une histoire de maison hantée du côté… des fantômes ! Lointain cousin de l’excellente nouvelle d’Oscar Wilde Le Fantôme des Canterville (la poésie en moins), le film de Burton nous attache donc à un couple de fantômes qui essaye de faire peur aux habitants de leur maison, sans jamais y arriver.
Cela nous vaut quelques scènes hilarantes au début du film, dans lesquelles les Maitland essayent différentes méthodes pour effrayer leurs locataires. Malgré un rythme parfois inégal, le récit avance dont tant bien que mal, titillant les zygomatiques de fort agréable manière, jusqu’à l’arrivée de Beetlejuice à la moitié du film. Force est toutefois de reconnaître qu'on n'est pas à l’époque où Tim Burton n'avait pas encore mis la main Johnny Depp… C’est donc Michael Keaton qui incarne le démon lubrique, et il le fait avec une outrance qui ferait passer Depp lui-même pour une nonne janséniste. Son faible temps de présence à l’écran le rend heureusement supportable, mais menace à chaque instant de tirer le film de Burton vers la farce potache et lourdaude, bannissant définitivement toute finesse.
Le scénario devient dès lors prétexte à une séquence de scènes souvent très amusantes mais manquant d'une certaine cohérence narrative, dans lesquelles on peut néanmoins trouver son compte pourvu qu’on soit prêt à passer outre le mauvais goût fréquent du réalisateur. Si la folie est bien présente dans Beetlejuice, l'humour est plus inégal, l’une cachant plus ou moins efficacement la grande discrétion de l’autre, ce qui empêche le film de dépasser le stade de divertissement amusant.
C’est déjà beaucoup, certes, et on goûte volontiers le délire macabre auquel Burton nous convie, aidé par l’inventivité à toute épreuve de son chef décorateur Bo Welch ainsi que par là très belle partition de son compositeur Danny Elfman.
Mais cela n’empêche pas de ressentir une légère déception de voir que là où il y avait matière à une malicieuse comédie fantastique à la René Clair (C’est arrivé demain, Ma Femme est une sorcière), on a plutôt une farce rabelaisienne à se mettre sous la dent. Ceux qui sont prêts a accepter cela goûteront sans retenue cette heure et demie de folie et d'absurdité intemporelle, en croisant