Michael qui tonne pour une critique pas assez deetzyrambique

Immense fan de Beetlejuice, parfois assez solitaire dans mon appréciation de cet univers, j'attendais évidemment cette suite avec impatience, et dieu merci, Burton ne m'a pas déçu (Jen connais qui l'ont été par le réalisateur à de nombreuses reprises depuis des temps immémoriaux). Cependant, même si Beetlejuice 2 n'est pas décevant, il mérite quand même un sacré lot de commentaires.


Tout d'abord, le film regorge d'originalité quand on prend le temps de tout regarder. Il sait même être surprenant dès le début, début qui pour autant reste assez fade et étrange. Rien n'est dosé correctement: l'humour noir fait mouche, mais l'ambiance est trop moderne et pas assez fantasque pour que cela ne sonne pas bizarre. Certes, Winona Ryder et Catherine O'Hara obtiennent assez rapidement une bonne alchimie, grâce à une évolution pertinente de leurs personnages.

Premier petit regret, le personnage d'Astrid, joué par Jenna Ortega, n'a pas le même charme que pouvait avoir celui de Lydia Deetz joué par Winona Ryder en 1989. Ce n'est pas du tant à l'actrice qu'à un défaut d'écriture, qui s'efface au fil du film pour laisser place à un personnage déjà plus burtonien, mais toujours insuffisamment développé.


Je l'ai déjà annoncé précédemment, le film ne décolle pas immédiatement, ce qui permet d'entrevoir quelques défauts ici et là. On a l'impression notamment que tout va trop vite, comme s'il manquait des scènes et s'ils étaient pressés par le temps. On se retrouve ainsi à emmagasiner une tonne d'informations de manière un peu indigeste. La fantaisie burtonienne est heureusement là pour vite happer le spectateur à travers une succession de délires visuels et scénaristiques.

Dans ce cadre, l'héritage du premier film est assez bien dosé, même si l'écart entre les deux oeuvres se fait parfois sentir. Lydia Deetz a eu une énorme évolution, et j'avoue que j'aurai aimé en voir plus avant d'y être pour de bon.

Néanmoins, je vais bientôt me tarir s'agissant des critiques. En effet, au fil que le film évolue dans un scénario tortueux où s'entremêlent plusieurs idées, dans un cadre un peu trop brouillon, on finit par retrouver le même esprit fantasque que dans le premier film, avec une générosité sans réelle limite.


C'est d'ailleurs le gros point positif du film. Celui-ci ne se prive de rien: gag absurde, humour noir, gore, cartoon, tout y passe dans une synergie assez satisfaisante. L'histoire n'est pas autant un point fort que dans le premier, mais Beetlejuice 2 présente un nombre hallucinant de bonnes idées ci-et-là. Sans surprise, Michael Keaton en Beetlejuice cabotine comme jamais, mais c'est ce qu'on lui demande, et il crève l'écran dès sa première vraie scène. Le final du film notamment lui donne l'occasion d'incarner un Beetlejuice flamboyant, qu'on se surprendrait presque à traiter comme un protagoniste (on rappelle que c'est un démon pervers et sans scrupule avant tout à ceux qui suivent pas).

Certes, certains personnages comme celui joué par Monica Belluci n'a pas de réel moment de gloire, bien que ses apparitions aient un côté un peu glaçant. Willem Dafoe tire déjà plus son épingle du jeu, et on sent qu'il ne s'amuse plus qu'il ne joue.


A vrai dire, c'est sans doute ça l'atout du film. Loin de vouloir se donner une prétention, un trop plein de sérieux qui serait une injure pour le premier volet, Burton a choisi de pousser les curseurs du délire et de la farce gothique encore plus loin. Bien sûr, Beetlejuice 2 souffre de pas mal de petits défauts, à commencer par un renouvellement de personnages qui pourrait être perfectible. Néanmoins, l'univers est très bien traité et visuellement il n'y a pas grand chose à jeter. On a donc affaire à ce genre de brouillon entièrement couvert de dessins magnifiques, masquant à moitié l'exercice qui devait être réalisé. Peu surprenant de la part de l'esprit de Burton, mais pas non plus dérangeant: le film est un vrai plaisir à regarder et parvient encore à surprendre son spectateur. Pour ça, je peux bien pardonner quelques faiblesses...


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le 6 sept. 2024

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lordwraith

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