Trente-six ans après, Tim Burton nous propose la suite de l'un de ses films les plus cultes, à savoir Beetlejuice. Et avec lui, sont de retour Winona Ryder, Catherine O'Hara et bien sûr Michael "Beetlejuice" Keaton. Dire que j'attendais cette suite avec beaucoup d'appréhension, est peu dire. Etant un grand fan du Tim Burton des années 80/90, je craignais fortement que cette suite surfe sur la nostalgie sans rien proposer de plus. Et plus encore, je craignais que le Tim Burton de ses vingt-cinq dernières années ne soit pas capable de retrouver son génie d'antan. Je dirais que son dernier grand film remonte à Sleepy Hollow (1999) et par la suite, à deux ou trois exceptions prés (Sweeney Todd et Les Noces Funèbres), il n'aura de cesse de me décevoir. Mais c'est vraiment à partir de Charlie et la Chocolaterie (2005) qu'il succombe au tout numérique, pour le meilleur et surtout pour le pire ... et le pire sera atteint avec Alice au pays des merveilles (2010) qui fut une vraie épreuve pour moi (et une énorme déception. J'ai voulu y croire encore un certains temps, mais là c'était trop pour moi, j'ai lâché l'affaire. Et puis voilà que le miracle opère à nouveau. Avec Beetlejuice 2, j'ai retrouvé le Tim Burton que j'aime, celui d'il y a vingt-cinq ans, celui d'avant le tout au numérique, celui qui bricole avec du simple carton et plus encore, celui qui semblait croire en ce qu'il faisait.

Lydia (Winona Ryder) n'est plus une adolescente, mais une mère de famille et elle présente un talk-show surnaturel intitulé Ghost House. Elle est toujours hantée par Beetlejuice et vit avec son nouveau fiancé Rory (Justin Theroux) qui est son manager. Dés le début du film, elle apprend de la voix même de sa mère Delia (Catherine O'Hara) que son père (Jeffrey Jones dans le 1) est mort. Elle devra donc trouver le moyen de se reconnecter avec sa fille Astrid (Jenna Ortega) qui s'est éloignée d'elle depuis que son père est décédé. Les trois générations de femmes (Astrid, Lydia et Delia) se retrouvent alors à Winter River pour célébrer les funérailles du grand père. Beetlejuice fait également son retour, mais il est poursuivi par Delores (Monica Bellucci), une démone et son ex-fiancée qui veut régler ses comptes avec lui. Tous les personnages se mélangent et se croisent dans un fracas qui ferait presque passer le premier Beetlejuice comme un film simple, voire même simpliste comparé à celui-ci.

Beetlejuice 2 est donc un film qui part vraiment dans tous les sens et ce n'est pas facile d'en faire une analyse. Mais la première chose à dire, c'est que Tim Burton s'amuse comme un petit fou ... et manifestement, ça faisait très longtemps que cela ne lui était pas arrivé. Il y a une trouvaille visuelle et un gag par minute. Par exemple, au début du film il fait apparaitre le père de Lydia en stop-motion pour le voir se faire bouffer par un requin. Jeffrey Jones n'apparait même pas, à cause de ses affaires judiciaires (une sombre et sale histoire de pédophilie), mais il trouve quand même le moyen de lui régler son compte et c'est franchement jouissif (ou comment se débarrasser de l'acteur et du personnage en même temps). On sent que le réalisateur est libéré des chaines de Disney et règle en quelque sorte ses comptes avec la firme aux grandes oreilles. Avec Beetljuice 2, nous assistons réellement à la renaissance de Tim Burton et ça fait sacrément plaisir.

Et non, Beetlejuice 2 ce n'est pas qu'un film nostalgique qui multiplie les références au premier film. La scène d'introduction reprend la maquette de River Winter avec la même musique du Danny Elfman. La référence au premier film est évidente, sauf que là nous ne sommes pas dans la demeure des Maitland (Geena Davis et Alec Baldwin dans le 1), mais dans un studio où Lydia tourne son émission. En fait, Tim Burton nous propose autre chose, il convoque le monde des morts du premier Beetlejuice et le mêle avec le monde des vivants. Lydia sera alors son alter ego, encore plus que dans le premier film. Et même si le scénario est très brouillon, entre farces et grosses ficelles, Tim Burton arrive quand même à en tirer le meilleur. Il prend ce qui lui intéresse et raccorde le tout, un peu comme le personnage de Dolores qui raccorde son corps avec des agrafes et dont il reste encore les cicatrices. On voit donc les stigmates/cicatrices du scénario, mais peu importe, car le scénario n'est qu'un prétexte pour laisser libre cours à l'imagination débridée de son réalisateur et aussi à l'interprétation d'un large choix d'acteurs/personnages. Et Tim Burton n'est pas le seul à s'amuser ici, les acteurs aussi semblent en profiter. Ils sont tous excellents, même ceux qui ont un tout petit rôle (Willem Dafoe et Danny DeVito).

Bref, Beetlejuice 2 est une vraie bonne surprise, une suite déjantée et horrifique qui fait honneur au premier film. Et surtout, on retrouve un Tim Burton inspiré, chose que je n'osais espéré après tant d'années d'errance, faites de nombreuses déceptions. Mais voilà que le réalisateur cher à mon cœur d'enfant renait de ses cendres ... et franchement, c'était inespéré. Merci Monsieur Tim Burton. (7.5/10)

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le 17 sept. 2024

Modifiée

le 17 sept. 2024

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lessthantod

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