Before I Disappear est l'exemple d'un premier film réussi sous tous les angles. Tant dans le scénario que la réalisation, en passant par la direction d'acteurs. Le film nous parle de Richie (Shawn Christensen), un mec un peu paumé, sans repères, porté par un suicide déterministe. Richie, c'est la voiture qui fonce dans un mur, qui n'entend plus ce qui l'entoure, qui refuse de prendre le large et de slalomer entre les épreuves. Un bougre un brin gentil et maladroit qui doit, un soir, prendre soin de sa nièce : Sofia (Fatima Ptacek). Le début d'une quête spirituelle, d'un voyage initiatique nocturne à travers les rues de New York.


Parce que cette gosse, c'est sa Némésis. Sofia est droite, reine, maitresse de sa vie malgré son jeune age. Elle compartimente sa vie, ses émotions, ses actions, ne laisse aucune place au laisser aller. C'est en ça que le couple fonctionne, il la garde mais elle le traine, elle respire l'équilibre là où il trébuche, elle est imperturbable quand il est terrorisé. Fatima Ptacek, du haut de ses 15 ans, est d'une justesse exceptionnelle et crève l'écran par toutes les émotions qu'elle est capable de développer grâce à cette bouille hautaine et à l'impact de sa voix. Elle n'incarne pas seulement une jeune fille, mais une jeune fille qui a vécu, qui a absorbé les épreuves pour en faire une force. La permutation des caractères fonctionne, Sofia est une main tendue vers la souffrance de Richie. Une main qu'il saisit parfois, malgré ses propres blessures.


L'esthétisme est prédominant dans la mise en scène. Les choix de lumières et de couleurs rappellent quelque peu Only god Forgives, en plus léger. Ici s'alternent filtres et lumières naturelles des activités urbaines. Mais elles sont fluides, passent à travers le capteur comme des phares sur la route, transcendent chaque plan d'une poésie rare, apportent un espace onirique qui contraste avec la brutalité des scènes. Elles sont le rayonnement d'une vie éteinte. Christensen filme la nuit comme elle a trop peu été filmée, en faisant ressortir sa beauté, sa chaleur. Par l'utilisation de couleurs parme et rouges, il caresse les visages et les formes, aseptise la douleur. Des plans soignés et des décors valorisés, à la manière d'un Gregg Araki en forme, excepté qu'ici, la caméra oscille, à l'image du héros qu'elle observe.


Une moiteur qui vient contrebalancer la présence d'une musique froide, incisive, tragique. Elle apparait prédominante dans de nombreuses scènes, sans jamais être en retrait, voir en prenant agréablement le pas sur la situation. Chaque séquence pourrait être un clip à elle seule.


L'omniprésence d'un son nous détache de la noirceur du thème, Before I Disappear ne tombe jamais dans le glauque ou le malsain, il contemple un espace temps, le sublime par une mise en scène d'une précision rare. On y contemple un homme qui s'est gâché, une gamine qui n'a pas appris à vivre, le tout à travers une réalisation prudente et retenue. Le film n'aspire à aucun jugement, il montre ce qui est, fait passer des messages discrets mais encourageants, et se tient en équilibre à travers toutes les situations. Une réalisateur à suivre de très près.

Evalia
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le 13 déc. 2015

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Evalia

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