As I lay dying
Il aimerait que son heure vienne, que la vie le quitte enfin, lui qui ne désire que cela, lui qui a perdu le goût de vivre suite au départ d'un amour mais voilà : Richie ne parvient pas à se suicider...
le 27 févr. 2017
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Il aimerait que son heure vienne, que la vie le quitte enfin, lui qui ne désire que cela, lui qui a perdu le goût de vivre suite au départ d'un amour mais voilà : Richie ne parvient pas à se suicider tranquillement, toujours dérangé par un coup de téléphone intempestif ou par des pilules inefficaces. Il semblerait qu'on ait encore besoin de lui dans cette vie, qu'il ait une mission à remplir et que feue sa bien-aimée Vista l'attende encore un moment dans l'outre-monde.
Dès le début, on sent dans ce film une forte tendance à l'humour noir, à la rigolade grinçante. Le personnage principal amuse malgré lui : par ses sautes d'humeur homériques ou au contraire par son flegme et son mutisme, par son attitude décalée, désinvolte et nonchalante qui en font à la fois un personnage de drame et de comédie très inattendu. Un de ces rôles doux amers qui hésite entre mélancolie et révolte.
A la faveur d'un singulier concours de circonstances, Richie se retrouve à devoir s'occuper de sa jeune nièce Sophia, la fille de sa soeur - soeur qui semble avoir quelques ennuis. L'histoire tourne d'ailleurs en fait autour de cette relation frère/soeur, sur la manière dont les liens se distendent avec l'âge, les fossés qui se creusent et qu'on ne franchit plus, par paresse, lâcheté ou peur d'être rejeté.
Richie va entraîner sa nièce, petite fille modèle-tête de classe-super-sportive-polyglotte-studieuse-bien-peignée dans une équipée nocturne qui vise avant tout à éviter de ramener la jeune fille chez lui - un endroit crasseux et désespérant qui porte les stigmates des envies de mourir de son locataire.
Oiseau de nuit, habitué des mondes interlopes où règnent alcool, mafia et paradis artificiels, Richie se retrouve un peu malgré lui détenteur d'un secret qu'il aura bien du mal à dissimuler...
Non content de livrer un scénario aux petits oignons, à mi-chemin entre drame social et thriller, Before I disappear est également un véritable feu d'artifice esthétique et musical. Sa photographie de nuit traversée de néons rose et bleus, ses scènes magiques au ralenti nappées de morceaux d'anthologie (House of the rising sun, I'll be seeing you) en font un délice sensoriel absolu et parfaitement hypnotique. Bowie, Delibes, Tame Impala ou Beethoven : la bande-originale est un pur régal et apporte beaucoup de vie et d'intensité au film.
Mention spéciale à la scène dans le bowling, magistrale, avec ce morceau de Goodnight Radio qui mélange sons 80's et électro contemporaine : un instant de comédie musicale plein de vie qui redonnerait le sourire au plus déprimé. (Enfin sauf à Richie, si difficile à dérider)
Le film explore avec finesse les relations familiales, les distances qu'on abolit en se rangeant du côté des vivants, l'aide qu'il faut accepter parfois, les mains tendues qu'on agrippe in extremis... L'interprétation des acteurs est d'une justesse sans faille et nous permet de passer de l'émotion au rire d'un instant à l'autre.
Le montage nerveux et très dynamique contribue à installer une forte tension dramatique qui tient en haleine de bout en bout.
Même si quelques plans auraient sans doute pu être légèrement rabotés, Before I disappear est une franche réussite du cinéma indépendant, un premier film très original, à la fois tendre et cruel, qui occasionne des moments d'anthologie dont je me rappellerai longtemps.
A ne manquer sous aucun prétexte !
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le 27 févr. 2017
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