Before Midnight par Remy Pignatiello
Bon bah c'était très bien. Je m'y suis même presque plus retrouvé que dans les 2 précédents.
Je lis ci et là que le principal reproche fait au film, c'est que le "romantisme des 2 1ers films est parti". Sauf que c'est oublié que ce qui faisait la force des 2 1ers films, et aussi du 3e, ce n'est pas tant un certain romantisme qu'un profond réalisme. Il suffit de voir Le monde : l'amour retrouvé de Before Sunset les a fait rêver, les disputes de Before Midnight les fait écrire (en gros) "à quoi bon aller avoir au cinéma ce qu'on a à la maison ?" Ca c'est de l'argument choc...
Ce qui choque dans les 3 films, c'est la cohésion réaliste des situations et des dialogues, à un point où c'est tellement naturel qu'on croirait que tout est improvisé, alors que chaque ligne est scriptée. Before Midnight suit cette lancée, la désillusion en plus, les espoirs en moins. Evidemment, ça fait moins rêver, mais ça n'en reste pas moins une étude formidable de ces petits riens, mais aussi de ces grands compromis, qui minent peu à peu une relation.
Au milieu de tout ça, il y a donc la finesse et la justesse d'une écriture, pas toujours parfaite, et créant une structure ô combien prévisible, mais qui se retrouve transcendée par la mise en scène minimaliste et surtout 2 acteurs qui ont probablement trouvé dans ces 3 films leur plus belle aventure. Dans leur gestuelle, leur façon d'interagir, il y a quelque chose qui dépasse le cadre du cinéma et permet au spectateur de se projeter directement dans les situations dont le film parle (en tout temps, perso, ça m'a travaillé tout le film).
Jamais Jesse n'aura autant dit à Céline qu'il l'aime, et pourtant, jamais ils ne se seront autant écharpés, régurgitant des années de non-dits, de sacrifices, de compromis ravalés comme autant de défaites face à l'autre, face à la vie réelle, toujours pardonnées mais jamais oubliées, fermentant jusqu'à devenir la plus rance des biles.
Mais au final, est-ce que le couple, ce n'est pas aussi ça ? Les soirées qui dégénèrent pour un rien, la passion qui se fane, les incompréhensions, les mauvais timings, la routine chronophage (le film donne d'ailleurs à mort envie de faire des gamins :D ). Est-ce pour autant suffisant pour tuer l'amour d'un couple ?
Les retrouvailles sont évidemment difficiles vu la tournure que prennent les événements, mais on ne peut qu'attendre avec impatience la suite pour savoir ce qu'il advient d'eux (même si la fin du film laisse peu de doutes sur le fait qu'il y aura probablement un 4e film).