Comme beaucoup de personnes, je suis tombé sur Begotten dans ma quête adolescente de films expérimentaux, et ma curiosité fut conquise : je n'ai rien compris. Qui sont ces personnages ? Quel est le sens de leurs actions ? La saturation de l'image n'aidant pas à la compréhension, je fus pourtant comme hypnotisé par ce grain, cette lenteur, ce silence, et surtout, oui surtout, cette musique (seulement deux accords en septième majeure) nourrissant l'onirisme. Si c'est le sens que vous voulez, il faudra attendre le générique de fin. Je me propose ici d'en dévoiler certaines clés (votre visionnage n'en sera que plus riche).
Il s'agit d'une genèse du monde enraciné dans diverse religions païennes ; du suicide du dieu d'où émerge l'incarnation féminine de la terre, donnant elle-même naissance au fils de cette terre dont le sacrifice se révèlera l'origine même de la vie.
L'obscurité du film semble alors être à l'image de celle de cette origine, ce pré-monde, sans identité ni parole. Le film nous pousse à abandonner ce qui dans le monde est reconnaissable, nommable, nous préserve du familier, jusqu'au générique de fin où la vie enfin dévoile le sens de son origine par l'identité de ses protagonistes.
Il ne va sans dire que le film nécessite une forme de méditation mystique et d'abandon aux mystères. Ne pas savoir, c'est déjà se reconnaitre dans ce lieu sans savoir.