Entre deux adaptations d'Agatha Christie et des travaux plus ou moins alimentaires, nul ne contestera que Belfast est le projet le plus personnel de Kenneth Branagh, son Amarcord à lui, largement inspiré de son enfance en Irlande du Nord. Une œuvre en noir et blanc, où le monde est vu à travers les yeux d'un enfant de 9 ans, qui comprend mal pourquoi il ne va plus pouvoir continuer à vivre en paix dans une ville où protestants et catholiques se déchirent. La violence de la guerre civile de la fin des années 60 en Irlande du Nord est la toile de fond du film mais, hormis une poignée de scènes assez spectaculaires, elle n'est pas son cœur véritable, Branagh préférant traiter de l'insouciance et des préoccupations de l'enfance et surtout de la vie d'une famille, en partie privée de père, pour des raisons économiques. Le cinéaste/scénariste essaie de mêler drame et comédie mais n'y parvient pas toujours, son film manquant fondamentalement de profondeur et de fluidité, le récit s'éparpillant de temps à autre, même s'il apparait toujours comme sincère, chaleureux et attachant. La comparaison avec le Hope and Glory de John Boorman, grande réussite sur un thème commun, n'est manifestement pas à son avantage. Belfast n'est pas exempt de bons moments, pourtant, et bénéficie d'une interprétation sans défaut, avec Judi Dench, Caitriona Balfe et Jamie Dornan, entre autres.