© Boulet
J’y suis allée les yeux fermés.
Il nous avait laissé le cœur en miette, les oreilles enchantées, l’espoir intact, après Alabama Monroe. Felix Van Groeningen est de retour avec Belgica.
Un film vibrant. Vivant. L’épopée intense de deux frères, d’une bande de potes, d’un lieu empreint de liberté, Belgica.
Ça sent la sueur, ça sent la bière, la clope, la pisse. C’est une explosion de vie.
L’utopie flottante et naissante, la concrétisation d’un idéal, des moments emplis d’amour, de fête, de musique, de tolérance, de rêve, de folie, d’excès.
Jusqu’aux illusions perdues. Parce que l’être humain. Parce que l’alcool, la drogue, la violence. Parce que l’argent, le sexe, les neurones qui éclatent.
Je n’ai jamais autant eu envie de boire, de fumer, de danser au cinéma. La soif d’exister qui déborde de l’écran, la joie qui occupe tout l’espace disponible.
La réalisation fluide, épouse à merveille le scénario, les personnages.
Les deux acteurs principaux insufflent l’énergie sans faille, le mouvement perpétuel de l’existence. Stef Aerts, gueule d’oisillon tombé du nid, qui a touché le ciel du doigt avant de s’écraser à nouveau. Tom Vermeir, noceur bigger than life, lui aussi bientôt plaqué au sol par un trop plein de tout.
En sortant, c’est une vague de tristesse qui me submerge. Felix Van Groeningen a ce talent, celui de faire valser les émotions, de nous emporter dans des vies multiples.
La bande originale, orchestrée par Soulwax (ils ont créés 16 groupes fictifs pour l’occaz), personnage intégrant de l’ensemble, est un bonheur absolu et participe évidemment au tourbillon dans lequel on est immergé pendant 2h.
Des pulsations de vie électriques, démesurées, incontrôlables, qui donne l’envie d’avoir envie, comme dirait un autre belge.