Fête, rock’nroll et descente aux enfers

La réussite première de Belgica tient dans ce qui peut apparaître comme le personnage principal du film : le bar que cherche à développer Jo et Frank. Baptisé le Belgica, il se veut être un lieu dédié à la fête, à la musique, « un Arche de Noé ouvert à tous » comme le clame haut et fort le second frère. Le spectateur est plongé dans cette ambiance rythmée, portée par la bande son composée par le groupe belge Soulwax. La mise en scène de Groeningen, récompensée il y a peu au festival américain de Sundance, évolue au fur et à mesure que l’utopie des frères Jo et Frank disparaît. Le troquet musical ouvert à tous sans distinction aucune, coloré et chaud, laisse peu à peu place à un club aux lumières froides, où les DJs ont pris la place des musiciens et les videurs sélectionnent les privilégiés qui accèderont à ce nouveau haut-lieu. Ce virage à 180° est rendu possible par la position de Jo et Frank, tous deux tiraillés entre leur rêve et la réalité et les contraintes, notamment financières, qui s’imposent à eux. L’évolution du Belgica tout au long du film implique aussi de profonds changements et une descente aux enfers, sur fond d’alcool et de drogue, pour les deux protagonistes et sur leur vie personnelle. Dans leur chute, les frères s’opposent, se divisent et finalement se trahissent.Cette plongée dans le monde noctambule, portée par sa mise en scène et sa bande son se regarde sans déplaisir, malgré toutefois un scénario attendu.

Adao
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le 24 avr. 2016

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