Nic Balthazar nous emmène dans notre trop bien connu quotidien. Il le fait avec le brio de sa sobriété technique alliée au talent et à la retenue de ses acteurs dans un scénario d'où rien ne dépasse.
La normalité de la personne n'existe pas. Personne n'est "normal", excepté sur un point : la capacité à mentir, à faire semblant. Bref, à être sociable.
L'esprit le plus "normal", c'est l'esprit moutonnier, incapable de bêler dans le métro, pour la seule raison que personne ne bêle dans le métro.
Ce sont les mêmes qui participent aux crimes de masses, ou qui pratiquent les bizutages sans limites, tous et toutes partie prenante, plus ou moins de ce qu'il faut pour être à l'abri de l'holocauste social qui égorge quiconque est "différent", sur l'autel de la normalité valide.
Ben X, c'est un film qui se déroule tous les jours dans les prisons, dans les écoles, dans le métro, partout où l'humanité fait masse, active ou passive, qu'importe, contre l'exception humaine, au quotidien humiliée, harcelée, déshumanisée sous nos yeux détournés.
Pour tous les aveugles parmi nous, Ben X porte à l'écran une croix taillée par nos soins et nous suggère d'en être spectateurs. Nous devrions tous être capables de cette audace, pour nous si quotidienne.
À recommander pour tout public.